Episode 10 : L'enracinement celte en Lotharingie à la fin du Premier Age du Fer (-600 ; -400)
Après plusieurs générations, les Celtes sont désormais bien implantés en Lotharingie. Mais loin de constituer un peuple, encore moins un Etat tel que nous le connaissons, le peuplement celte de la région reste essentiellement articulé autour de la famille, au sens élargi du terme.
Ainsi, à la fin du Premier Age du Fer, vers -400, l'habitat celte se modifie et se diversifie : de la ferme des origines, l'habitat a évolué de manière distincte, exprimant le mode de gestion des terres qui s'est transmis :
En gestion collective :
Sous une gestion assez stricte de la cellule familiale, l'exploitation originelle s'est maintenue, les fils s'installent sur l'exploitation et acceptent l'autorité de l'aîné. La ferme conserve une gestion intégralement collective des terres, du bétail et des installations (four, forge, greniers). En maintenant l'unité de l'exploitation, les profits, l'outillage s'améliorent. Ces fermes voient émerger progressivement la future aristocratie gauloise.
En gestion semi-collective :
Lorsque la cellule familiale est moins rigide, les cadets peuvent s'affranchir de la tutelle de l'aîné. Sans toutefois quitter l'exploitation, chaque frère remembre ses terres et réorganise l'espace suite au partage du bétail. Chacun délimite les terres qu'il exploite, marquant le début de la propriété privée. Toutefois, l'ensemble reste cohérent, chacun demeure au sein de l'enclos originel et les différentes installations de l'exploitation restent gérées de manière collective. L'ensemble forme le hameau, qui évoluera parfois vers le village ouvert (le
vicus) ou la forteresse perchée (l'
oppidum)
En gestion individuelle :
Enfin, la période qui nous intéresse voit émerger une troisième forme d'habitat. Dans ce cas de figure, chaque fils s'est installé au coeur de ses terres, constituant un nouvel enclos, signe d'un délitement total de la cellule familiale originelle.
A partir de là, toutes les évolutions sont possibles :
- les fermes ainsi obtenues peuvent être à nouveau subdivisées, jusqu'à obtenir un réseau de fermes de 2ha, le minimum pour assurer la survie d'une famille
- en gestion semi-collective, certaines fermes produiront des hameaux ;
- en gestion collective, les fermes se maintiendront dans leur taille actuelle, mais étant plus petites, évolueront vers une aristocratie plus modeste, échelon intermédiaire entre le noble et le paysan
- certaines fermes peuvent à nouveau s'agrandir, soit par défrichement et augmenter jusqu'à reconstituer une exploitation de 20ha, soit par absorption d'une ferme voisine (pas de descendant, mauvaises récoltes, guerre, etc.)