message posté le 3 mars 2011 à 21h25
Débat sur l’islam et la laïcité : Copé et Fillon déminent
Le patron de l'UMP et le Premier ministre tentent de convaincre que la réflexion lancée par le parti présidentiel ne va pas stigmatiser l'islam et porte plus globalement sur «le pacte républicain».
Ne dites plus «débat sur l’islam»... Après les nombreuses mises en garde adressées par des personnalités de droite (Patrick Devedjian, Bernard Accoyer, Alain Juppé, Rama Yade, etc) sur le débat organisé par l’UMP, le 5 avril, à la demande de Nicolas Sarkozy, Jean-François Copé a voulu, ce matin, en lisser le contenu. A en croire le secrétaire général de l’UMP, la réflexion porte, en priorité, sur «le pacte républicain» dont «l’un des contenus est la laïcité». «C’est exactement là-dessus qu’on travaille», insiste Copé, sur France Inter.
A la rubrique Actualités du site du parti présidentiel, est effectivement mentionné «un rendez-vous fort» en avril, sur «l’organisation de l’exercice des cultes religieux», sans plus de précisions. Sauf que dans la vidéo, postée le 17 février sur la même page, Copé détaille le programme du débat: une première partie sur «l’exercice des cultes religieux de telle sorte qu’ils soient compatibles avec les règles de la république laïque». Et une seconde «sur la question de l’islam de France».
Le secrétaire général de l’Elysée reprend la formule de Nicolas Sarkozy, sur TF1 le 10 février pour l’émission Paroles de Français, «il ne peut s’agir que d’un islam de France et non pas d’un islam en France». «Nous ne voulons pas en France que l’on prie de façon ostentatoire dans la rue», mais il est «normal» qu’il y ait des mosquées, avait ajouté le président de la République: «La prière n’offense personne, mais nous ne voulons pas (...) d’un prosélytisme religieux agressif.»
Alors que, le risque de stigmatiser les musulmans a été pointé, sur France Inter, Copé va jusqu’à présenter son débat comme un service rendu à ces derniers. «Nos compatriotes musulmans en ont marre de porter sur leurs épaules un poids qui n’est pas le leur», défend-il.
«Les effets néfastes, délétères du débat sur l’identité nationale»
A l’Assemblée nationale, François Fillon s’est aussi chargé de défendre un débat «nécessaire», envisageant carrément de «réévaluer le principe de laïcité et son application pour tenir compte des évolutions de la société française». Sur la crainte d’une réflexion ciblant les musulmans, le Premier ministre retourne, à son tour, l’argument: «Il est nécessaire que nos concitoyens d’origine musulmane puissent vivre leur foi librement et dignement et chacun sait que ça n’est pas toujours le cas.»
La veille pourtant, Fillon s’était montré réservé sur l’initiative, se posant en garant: s’il «devait apparaître comme un débat qui, d’une manière ou d’une autre, conduit à stigmatiser les musulmans, je m’y opposerais, je le dis très clairement, je m’y opposerais», promettait-il sur RTL.
Comme pour le très controversé débat sur l’identité nationale, la gauche dénonce les arrière-pensées électorales de la majorité, accusée de courir après l’électorat d’extrême droite. L’ex-premier secrétaire du PS, François Hollande, a invoqué, ce mardi, une «suspicion de manipulation à un an de l’élection présidentielle», tandis que le chef de files des députés socialistes, Jean-Marc Ayrault a déploré que la droite ne tire pas les leçons de l’année dernière: «on est parti pour recommencer les effets néfastes, délétères du débat sur l’identité nationale.»
Même le Nouveau centre, pourtant dans la majorité présidentielle, ne cache pas son inquiétude. Le président des députés NC, François Sauvadet l’a jugé «inopportun» et «dangereux dans le contexte actuel»: «Il risque de révéler, d’alimenter des antagonismes.»
Liberation n'étant pas le plus neutre des médias, je diversifie mes sources pour parler du déplacement de Sarkozy au Puy-en-Velay aujourd'hui.
Avant son débat sur l’islam, Sarkozy loue "le magnifique héritage de la chrétienté"
Alors que le débat sur l’islam promis par le gouvernement n’a pas encore été lancé, Nicolas Sarkozy, en déplacement au Puy-en-Velay, est entré en matière. "La chrétienté a laissé" à la France "un magnifique héritage de civilisation", a-t-il déclaré.
Trop de coïncidences de thématique et de date pour être fortuites. Voilà un déplacement, dans un haut lieu du catholicisme, sur "les racines chrétiennes de la France", programmé à quelques encablures du débat sur l’islam promis par la majorité et le jour-même de la parution de la circulaire d’application de la loi contre le voile intégral.
"L’identité n’est pas une pathologie"
Nicolas Sarkozy, après sa visite de la cathédrale du Puy, point de départ historique du pèlerinage vers Saint-Jacques de Compostelle, a comme posé les premières pierres de ce débat à venir. Il a martelé les mots "héritage" et "identité", en se gardant bien toutefois d’y accoler l’adjectif "national", trop connoté peut-être...
"La chrétienté nous a laissé un magnifique héritage de civilisation", a surtout affirmé Nicolas Sarkozy, en ajoutant : "président de la République laïque, je peux dire cela".
Sarkozy en Haute-Loire, quand "DSK, c’est Washington" (Wauquiez)
Ce déplacement est en réalité le premier d’une série de visites du chef de l’État dans des lieux symboliques de la France catholique qui s’annoncent comme autant de signes à l’adresse de son électorat traditionnel, à quelques semaines des cantonales et surtout un an de la présidentielle.
Seraient en projet des visites à Cluny, Domrémy, Reims ou le Mont-Saint-Michel. Les Échos le donnent même à Rome le 1er mai pour assister à la cérémonie de béatification du pape Jean Paul II. Mais l’Élysée a refusé de confirmer.
Mais, outre flatter cet électorat qui le boude dans les sondages, l’Élysée semble aussi vouloir par ces étapes "terroir" damer le pion au potentiel rival du chef de l’État en 2012 : DSK. Une phrase du ministre des Affaires européennes, Laurent Wauquiez, qui accompagnait Nicolas Sarkozy ce matin en tant que maire du Puy-en-Velay, en dit long : "Dominique Strauss-Kahn, c’est Washington, Dominique Strauss-Kahn, c’est sûrement une très belle maison qui donne sur le Potomac. C’est pas la Haute-Loire et c’est pas ces racines-là".
Voilà, qu'en pensez-vous ? Est-ce que selon vous c'est seulement une manoeuvre politique de l'UMP pour récuperer un certain éléctorat avant 2012 ? Est-ce que vous pensez que ce débat sera vraiment utile et pertinent ?
_____________________________________________________________________
R1DL (3500 posts)
Ma galerie sur Flickr
Topic photo : Western USA 2010