Sherbrooke est la 6ème ville et la 4ème agglomération en importance au Québec avec 200 000 habitants. C'est donc un bassin de population significatif a l'échelle de la province.
La dernière liaison en date entre Sherbrooke et Montréal a été mise hors fonction dans les années 1990. Cette ligne reliait Montréal, Sherbrooke et les provinces Atlantique, en passant par le Maine. Sa popularité était en déclin depuis les années 50, décennie ou en Amérique, on se disait qu
'ou la voiture ne nous mène pas, il n'y a aucune utilité de s'y rendre. Dans cette philosophie pro-voiture, beaucoup de liaisons ferroviaires ont été abandonnées et plusieurs de nos agglomérations, plus petites que Sherbrooke mais néanmoins significatives tel Trois-Rivières ou Cornwall ont été victimes de ces compressions aussi. Il en a été de même pour de plus grandes agglomérations. C'est tout dire !
Si vous venez au Canada les amis,
oubliez le train. Ici, on se déplace en
autocar. Il y a d'ailleurs une liaison très importance entre Sherbrooke et Montréal, puisque celle-ci a une fréquence a raison d'
un départ a l'heure, ce qui est une des fréquences
les plus élevés au Québec. Il y a d'ailleurs dans cette liaison express quelques commodités que l'on retrouve dans un train, tel internet sans fil.
Le réseau routier québécois est très bien développé dans le sud de la province et en voiture, ca reste très (
trop) facile de se rendre d'un point A au point B, puisqu'
il n'y a aucun péage ici sur les routes. Voilà donc un autre point de taille défavorable aux transports collectifs tel le train.
Les dernières liaisons ferroviaires qui existent au pays déversent les plus grandes villes telle Montréal ou Toronto, ou alors des régions éloignés qui ne bénéficient d'aucun lien routier pour s'y rendre rapidement, tel Schefferville ou en dernier lieu, des régions touristiques telle le Saguenay. Encore là par contre, il est extrêmement dispendieux de recourir a ce mode de transport, surtout que la plupart de ces liaisons se font aussi en autocar,
pour bien moins cher. Les gens sont donc naturellement plus enclins a utiliser ceux-ci.
Ces mêmes liaisons ferroviaires ne bénéficient pas de voie ferré propres a elles (a l'exception de la liaison Montréal/Ottawa). VIArail (l'équivalent de la SNCF) utilise donc les rails de compagnies de fret, tel le CN ou le CP, qui ont, naturellement, priorités sur ces voies. Les trains de passagers sont donc souvent en retard ou leur fréquence fonctionnent sur un horaire plutôt étrange et contraignant. Parlant d'horaire, la liaison Montréal/Saguenay (ville de 150 000 habitants et secteur touristique) n'offre que trois départs
par semaine. De plus, le trajet se fait en
9 heures alors qu'en autocar, il se fait en
5h30.
Étant donné que le prix de l'essence a augmenté ces dernières années, on pourrait s'imaginer que le train aurait du en bénéficier... Ce n'est pas le cas, puisqu'ici, les gouvernement y investissent des sommes
dérisoires qui suffisent a peine a maintenir a niveau les équipements actuels. Résultat, c'est plutôt les compagnies de
co-voiturage tel Allo-Stop ou Amigo-Express qui ont la cote ici. Alors le transport en autocar devient légèrement moins populaire, mais on assiste a une prolifération de systèmes de co-voiturages.
Le train n'a vraiment pas la cote et ce n'est pas unique a Sherbrooke, ou au Canada, c'est plutôt généralisé a
l'Amérique du Nord.
Alors n'oubliez pas que si vous veniez ici, vous devrez voyager tel un nord-américain et non comme un européen. Vous devrez changer vos réflexes premiers. Et svp, pas de sermons sur ce sujet.
Malgré tout, il y a depuis peu quelques acteurs politiques qui voient la nécessité du retour du train. C'est d'ailleurs très a la mode a Sherbrooke et dans la région des Cantons-de-l'Est. On voit d'ailleurs l'apparition de plusieurs
trains touristiques, tel l'Orford Express, reliant Sherbrooke et Eastman. Celui-ci est d'ailleurs l'un des trains de passagers (toute catégorie confondu) les plus populaires au Canada. Il faut d'ailleurs réserver tôt pour avoir sa place. Cela montre donc que même si le projet est touristique, la population commence a avoir un certain engouement pour le transport ferroviaire.
A la lumière de tout ca, les dits acteurs politiques que je vous parlais ont donc décidé de commander une étude de rentabilité d'une liaison Sherbrooke-Montréal a VIArail. Cette étude a été faite et ses conclusions étaient négatives, malgré le fait que cette ligne relirait une agglomération de 3,7 millions d'habitants a une autre de 200 000 (voila l'état de popularité du train au Canada) ! On estime par contre que cette étude est biaisé et que par dessus tout, elle ne considère pas les facteurs de développement économique, ou social, qui augmenteraient par ailleurs significativement la popularité de la liaison. Les dits acteurs politiques reviennent donc régulièrement a la charge et s'affairent a produire leur propre étude de rentabilité, histoire de mettre toutes leur chances de leur coté et de trouver des investisseurs...
Cependant, il faut tenir compte que le réseau ferroviaire est extrêmement désuet. Sur la ligne ou circule l'Orford Express par par exemple, le train de passager ne peut dépasser les 30 km/h et les trains de marchandise les 50 km/h, cause que le réseau est justement trop vieux et qu'il serait extrêmement dangereux d'y circuler plus vite (
!!!)
... Et portant. Sherbrooke n'est pas réellement enclavé. Elle est le second plus important hub ferroviaire au Québec. Des voies ferrés partent de Sherbrooke dans 6 directions différentes, soit vers Montréal, Québec, le Centre-du-Québec et les États-Unis. Le réseau est déjà en place. Il est par contre peu opérationnel.
Voici d'ailleurs de quoi a l'air notre réseau (cette photo a été prise dans une autre ville que Sherbrooke, mais elle démontre tout de même un aspect très général de plusieurs lignes de chemin de fer a Sherbrooke ou ailleurs sur le continent)
a suivre...