EPISODE 11 : La crise du IIIe siècle (192 ; 285)
Avec l'assassinat de l'empereur Commode le 31 décembre 191, s'ouvre une crise politique majeure au sein de l'empire romain, marquant la lutte pour le pouvoir, les empereurs éphémères se succédant au gré des coups d'état. L'armée romaine fait et défait les empereurs, n'hésitant pas à assassiner un empereur qu'elle a porté au pouvoir quelques mois plus tôt. La crise politique atteint son paroxysme entre 235 et 268, période durant laquelle pas moins de 30 empereurs vont se succéder.
A cette crise politique, s'ajoute une crise économique et sociale : pour parer aux menaces qui pèsent sur les frontières, l'Empire prélève un impôt de plus en plus lourd pour entretenir davantage de troupes. Les villes sont asphyxiées financièrement et n'ont plus les moyens d'entretenir les voies urbaines, les temples et d'assurer la sécurité, réduisant drastiquement les moyens de la milice urbaine et de la lutte contre les incendies.
La population des villes s'appauvrit, les plus riches gagnent leur
villa rustica à la campagne pour échapper à l'impôt. Et la population s'appauvrit d'autant plus que la crise politique à Rome entraîne un ralentissement de l'économie.
A partir de 260, l'Empire doit faire face à une pression de plus en plus forte des peuples barbares, avec des raids francs, alamans et goths qui se mulitplient jusqu'en 275. En Lotharingie, la ville de
Luxdunum sera définitivement rayée de la carte, pillée et incendiée à 4 reprises en 261, 264, 269 et 272. En 285, l'ancienne cité ne compte plus que 400 habitants.
Scène de pillage à
Luxdunum (260-272)
En réaction, les villes romaines proches vont connaître un phénomène général de fortification, les frontières n'étant plus efficacement protégées. Ainsi, à
Rulbacum, les arcs de triomphe, qui marquent le périmètre du
castrum originel sont rasés et laissent la place à de puissantes portes fortifiées, la ville étant désormais le verrou protégeant la voie romaine reliant
Augusta Treverorum (Trèves) à
Durocortorum (Reims)
La fortification des portes est complétée par une enceinte, marquant un repli de la ville sur son coeur originel
Dès lors, les parties de la ville situées hors des murs vont être progressivement abandonnées, livrées au brigandage et aux incendies, mais aussi aux tailleurs de pierre, les temples et
insulae servant de carrière de pierre pour la construction de l'enceinte.
En 285, la ville de
Rulbacum ne compte plus que 4.277 habitants, alors qu'elle en comptait plus de 15.000 environ un siècle plus tôt.
En 285, le sacre de Dioclétien marque la fin de la crise politique, l'armée romaine met fin, provisoirement, aux incursions barbares, ramenant une sécurité relative à la fin du IIIe siècle. L'Empire romain sort toutefois de cette crise affaibli économiquement et militairement.