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Le vendredi 22 août 2008
L'été meurtrier
La Presse
Outre la pluie de juillet et sir Paul à Québec, l'autre fait marquant de cet été 2008 aura été, aussi misérable que cela puisse paraître, l'hécatombe sur nos routes.
Misérable parce que depuis le temps que l'on parle de la vitesse au volant, de la conduite en état d'ébriété et de notre très mauvais bilan de conduite en général, on aurait pu s'attendre à une amélioration de nos morbides statistiques.
C'était le cas, en effet, jusqu'à cet été. Et puis, pouf, il n'aura fallu que quelques semaines pour effacer le chemin lentement parcouru depuis quelques années.
Au moins 40 morts juste dans le dernier mois. Même le premier ministre Jean Charest a dû faire une déclaration publique en plein été pour souligner notre «problème culturel» au volant.
M. Charest a raison (de s'inquiéter et de sermonner ses concitoyens). Mais une fois que l'on a relevé cette évidence nous conduisons comme des fous furieux , qu'est-ce que l'on fait?
On parle beaucoup de dissuasion par une présence policière accrue et des amendes salées. Soit, mais il y a aussi l'autre dissuasion, l'ultime dissuasion: les peines carcérales. Et de ce côté, le message des tribunaux n'est pas toujours cohérent.
Un exemple parmi tant d'autres. En avril 2006, Sébastien Couture, 21 ans, roule, en état d'ébriété, à 150 km/h dans la rue Principale de Daveluyville avec trois de ses amis à bord. Perte de maîtrise, la vieille Acura s'écrase contre un arbre, les trois copains du chauffard meurent.
Conclusion de l'affaire, vendredi dernier, le juge Richard Grenier, de la Cour supérieure du Québec, a condamné Sébastien Couture à deux ans de pénitencier. Comme il s'agit d'un jeune homme sans antécédent, il purgera vraisemblablement un sixième de sa peine, soit quatre mois. Sébastien Couture sera ressorti juste à temps pour Noël.
La peine est légère quand on considère que trois personnes sont mortes à cause de M. Couture, mais c'est surtout le ton du juge qui surprend. C'est tout juste si le juge Grenier ne s'est pas excusé en envoyant le jeune homme à l'ombre.
«Cette décision ne vise pas à l'écraser, elle ne vise pas à le briser, a dit le juge. La conduite à haute vitesse est une plaie sur nos routes et le jugement doit avoir un caractère d'exemplarité. Je suis convaincu qu'il trouvera là l'aide psychologique nécessaire pour se reprendre en main. C'est un jeune homme qui a travaillé toute sa vie adulte et il ne s'agit là que d'une terrible erreur de parcours.»
«QUE» d'une erreur de parcours? C'est une façon, disons, libérale, de voir les choses. Supposons qu'un jeune homme, criblé de dettes de jeu ou de drogue, tue un commis de dépanneur en faisant un hold-up, est-ce que l'on se montrerait aussi clément en invoquant qu'il ne s'agit «que» d'une erreur de parcours? Ou si un gars soûl tue trois de ses chums de brosse en jouant avec son 38 dans un bar?
Le juge Richard Grenier a ajouté qu'une éventuelle mise en liberté conditionnelle ne le gênera pas du tout. Au moins, il a imposé une interdiction de conduire d'une durée de cinq ans au chauffard.
Résumons: conduite dangereuse, état d'ébriété, négligence, 150 km/h en ville, trois morts: quatre mois de prison.
Le juge Grenier a raison: un tribunal ne doit jamais chercher à «écraser» un accusé. On cherche la justice, pas la vengeance, mais dans les cas de conduite dangereuse, surtout chez les jeunes, le tribunal a aussi le devoir d'envoyer un message. Dans le cas présent, pour l'effet dissuasif, on repassera.
Pourtant, le juge Grenier a pris la peine lui-même de préciser que les jugements dans de tels cas doivent avoir un caractère d'exemplarité
À la décharge du juge, il faut souligner que la couronne avait accepté l'hiver dernier de retirer les accusations de conduite avec les facultés affaiblies ayant causé la mort et de négligence criminelle ayant causé la mort en échange d'un plaidoyer de culpabilité de conduite dangereuse ayant causé la mort. (Les policiers auraient trop tardé à prélever un échantillon sanguin du jeune homme, rendant douteuse l'accusation de conduite en état d'ébriété.)
Cela dit, une accusation de conduite dangereuse ayant causé la mort est passible d'une peine de 14 ans. M. Couture s'en tire donc bien avec deux ans. Exactement le message contraire de ce que le gouvernement du Québec essaye de passer en durcissant le ton contre les maniaques du volant.
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"Oncques ne fauldray...jamais ne faillira"
Homo Platoregimontis