message posté le 27 nov 2007 à 19h16
Voici un texte trouvé sur mtlurbs.com qui me laisse songeur : tant d'animosité, tant de déception dans un seul individu.
Ce texte provient d'un blogue (quitterlequebec.com) et a été reproduit sur le site cité précédemment :
Yann Takvorian 43 ans
Envoyé le 2007-10-28 19:35:17
Après une décennie au Québec, j’ai décidé de rentrer en France, pour mon bien et celui de mon premier fils. J’ai pourtant fait deux longues tentatives pour faire du Québec mon chez-moi. La première qui a duré 7 ans, la seconde 4 ans. J’ai payé des centaines de millier de dollars en taxes, j’ai fait des enfants que les Québécois ne font plus, je suis tombé en amour pour une belle québécoise et j’ai même tenté de créer une compagnie alors que c’est souvent peine perdue quand on n’est pas du pays. Mais rien n’y a fait. Le Québec n’a été pour moi qu’une longue déception.
Il y a 10 ans, le Québec n’était pas dans cet état de délabrement d’aujourd’hui. Il n’y avait pas ce racisme anti-immigré qui fait le quotidien des nouvelles depuis quelques années. Il n’y avait pas ces problèmes économiques qui annoncent des vaches maigres pour plusieurs générations à venir. Il y a 10 ans, le Québec avait quelques atouts, même si le corporatisme sectaire, frileux et xénophobe de la province faisait déjà passer la DGQ pour de fieffés affabulateurs. Sept ans plus tard, à ma deuxième tentative, je n’ai plus rien trouvé de valable. J’ai constaté que la société québécoise s’était contractée dans un repli identitaire face à sa propre dévolution. Un marasme qu’il est impossible de dénoncer, en tant qu’ancien immigré, même si on le subit tous les jours. Critiquer le Québec n’est réservé qu’aux locaux qui se font même traiter alors de colonisés par les pure-laines.
Je suis donc rentré en Provence où je me sens finalement chez moi et ou je me sens aussi plus « homme » (moins qu’en Israël certes mais assez pour ne plus baisser la tête comme avant, devant ces matrones misandres qui conduisent cette province).
Je vais donc ici dresser la liste de tout ce qui m’est apparu cruel au Québec (les points positifs sont maigres et tous repris par Tourisme Québec. Sauf que, un immigrant n’est pas un touriste, détail d’importance qu’il comprendra avec les années).
Si vous êtes un futur immigrant au Québec, prenez la peine de lire ceci est ne croyez pas que vous serez plus fort que les autres (si c’était le cas, vous n’en seriez pas à chercher à immigrer, au Québec en plus!)
- La xénophobie. On a beau dire et entendre que les Québécois sont nos cousins, la réalité du terrain n’est pas facile à vivre. Pour reprendre une juste expression lue sur le site immigrer-contact, les Québécois vous accueilleront à bras ouverts, mais ne les refermeront jamais. Les Québécois sont généralement soit hostiles à l’étranger, soit indifférents, comme partout ailleurs. Le coté multiculturel mis en avant par le gouvernement à l’étranger, pour attirer le chaland, n’est que pure fantasme. On se rend vite compte, au Québec, que l’étranger est mauvais. L’anglophone d’abord, parce qu’il est Canadien; l’Américain aussi, parce qu’il est capitaliste; l’immigrant ensuite, parce qu’il vient voler « la job »; le Français surtout, parce qu’il vient de France; l’Indien, parce qu’il chiale malgré ses avantages; le BS, parce qu’il y en a trop… À vivre au Québec, on apprend le sens de l’exclusion, et il est marqué du sceau du « nouzot » qui rassemble les « pure-laine » sous une même bannière et exclut de facto les impies, les importés, les minorités (…) sous le vocable de « euzot ». Mais c’est un peu ma faute aussi. J’aurais du savoir qu’une province qui clame son indépendance depuis des années a développé un sentiment nationaliste fort. Et ce nationalisme s’organise autour d’un concept identitaire : « le Québec aux Québécois! ». Ainsi, la Province a rapatrié tout un tas de prérogatives gouvernementales, qui font double-emploi avec Ottawa, mais donnent l’impression que le Québec ne peut être administré… que par des Québécois. Alors, l’étranger ou l’allophone est accueilli avec la même réserve que le continental en Corse. En dépit du mythe entretenu à l’étranger, le Québec n’est plus vraiment accueillant pour les immigrés, moins encore s’ils sont visibles, audibles ou trop croyants.
- Le féminisme. Ne croyez pas ceux qui vous diront que c’est partout pareil! Le féminisme au Québec est institutionnalisé. Ce n’est pas l’affaire de quelques lobbies qui braillent de temps à autre sur des plateaux télé, comme en France. Le féminisme québécois est une marque de commerce autant que de fabrique. Les lobbies sont surpuissants et bien représentés au Ministère de la Condition Féminine qui a droit de véto sur tous les autres Ministères! Ajoutez à cela le Conseil du Statut de la Femme et les Fédérations des Femmes du Québec et vous comprendrez pourquoi les associations féminines recueillent des centaines de millions de dollars en subventions chaque année alors que les quelques regroupements d’hommes n’obtiennent que des miettes. Le féminisme au Québec est radical en ce sens qu’il est mysandrique. La femme est représentée à tous les niveaux (chansons, films, téléséries, médias, publicités…) comme une déesse victime de la dégénérescence humaine incarnée par l’homme, le mâle (qui au Québec, ne prend ni E ni accent). Ainsi, petit à petit, le système, insidieusement, castre ses mâles et en fait des hommes-roses, sortes d’androgynes résignés à leur condition. Au Québec, l’homme sera toujours représenté comme le démon, le coupable, le fautif. Les journaux, la radio, la télévision (…) se font le relais des campagnes de dénigrements sexistes orchestrés par les lobbies féministes. La désinformation se justifie par le besoin d’aller chercher des subventions toujours plus importantes. On nous parle de pédophiles et de prédateurs sexuels à tous les repas. Ainsi, au Québec, tous les ans, on commémore la tuerie de polytechnique qui a fait 15 victimes, par un psychopathe qui disait haïr les féministes. Depuis plus d’une décennie, la Machine célèbre ce drame pour bien faire comprendre aux hommes qu’ils ne sont que tolérés dans cette société. D’ailleurs, leurs maux n’intéressent personne. Cinq fois plus d’hommes que de femmes se suicident chaque année au Québec (plus de 1000 par années). La première cause de mortalité au Québec chez les hommes de moins de 40 ans est le suicide. Le Québec a le plus haut taux de suicide chez les jeunes garçons de 19 à 25 ans. Mais cela, les féministes n’en ont cure. Il est impossible d’en parler. Les quelques associations qui tentent de défendre les hommes et les pères bafoués par le système sont vilipendés par des matrones bien installées dans la sphère publique et politique. Au Québec règne une loi du silence qui étouffe et amoindrit. En tant qu’homme, on finit par se révolter d’être constamment déconsidéré, humilié et accusé par anticipation de tous les vices. On a l’impression de vivre dans un film d’Hitchcock. Une fois qu’on a pris conscience de la machination, on la voit partout. Au bout de quelques années, soit on capitule et on s’avilit, soit on se rebiffe et on s’enfuit sauver sa « virilité » ailleurs.
- La fiscalité. J’ai tendance à dire qu’en France, on paie beaucoup d’impôts mais qu’on en a pour son argent. Au États-Unis, on paie très peu d’impôts et donc, on n’a pas grand chose en retour. Au Québec, on paie beaucoup d’impôts en plus de ne pas avoir grand chose en retour! Au début, on est sidéré, puis on finit par comprendre : le Québec s’est doté d’une politique d’assistanat social appelé « modèle québécois » et empruntant tout un tas de concepts beatnik venant des pays Nordiques. Dans les années 70, il était facile d’être généreux avec l’argent des autres (Ottawa d’abord, les générations suivantes ensuite) et de vivre à crédit. Ce que fit l’État durant les 30 glorieuses. Le Québec s’est construit en pleine révolution sexuelle, dans la mouvance gauchiste de Che-Guevara et avec la noble intention de développer la distinction québécoise de manière à s’affranchir du reste du Canada. S’est donc développé un modèle social terriblement onéreux et passablement étouffant. Au Québec, tout est géré par l’État et sa cohorte de fonctionnaires. Si vous pensez que la France est un mammouth, c’est un rat en comparaison! Pensez qu’une province dix fois moins peuplée compte davantage de Ministères! Que ce soit l’aide sociale, les syndicats, les fonctionnaires, les subventions, les études, les lobbies (…) ca coute cher. Or, au Québec, plus de la moitié des actifs ne paient pas d’impôts. Les entreprises non plus parce qu’elles s’installeraient en Ontario autrement. Reste donc la classe moyenne qui supporte le plus gros de l’assiette fiscale de la Province. Une classe moyenne ténue qui s’amenuise d’année en année avec la fuite des cerveaux vers les USA et l’Alberta. Une fuite qui n’est d’ailleurs pas compensée par l’immigration, elle-même de plus en plus paupérisée. Bref, au Québec, la fiscalité égorge l’honnête travailleur et rend ahuri l’immigrant Français qui découvre que le Québec ne partage avec l’Amérique que quelques longitudes seulement. Et ce n’est pas près de changer en considérant la dette colossale de la Province et le délabrement croissant de toutes ses infrastructures.
- Le système de Santé. La Délégation Générale du Québec, à Paris comme à Bruxelles, est prompte à dire que le Canada a un des meilleurs systèmes de Santé au monde. Or, il se trouve que l’accès aux soins est tellement difficile que l’on fait face à une situation digne du tiers monde. Le sous-financement chronique du système de Santé tient à deux facteurs difficilement conciliables : la gratuité obligatoire des soins, excluant donc le privé de la sphère médicale; le vieillissement de la population, une conséquence de l’après-guerre aggravée par un quart de siècle de féminisme. Il n’est donc pas rare, au Québec, d’attendre 6 à 8 heure, assis sur des chaises de cantine, dans une ambiance de dispensaire d’Afrique, pour voir un médecin en devoir, en coup de vent, parce que le médecin de famille est indisponible pour les deux mois qui viennent. Il est normal, au Québec, d’attendre plusieurs mois pour voir un spécialiste et d’attendre plusieurs années pour une chirurgie non-urgente. La visite d’un hôpital en dissuadera plus d’un d’être malade. Les couloirs débordent de patients, les visiteurs passent et repassent devant des malades laissés des jours et des jours à la vue de tous, les bâtiments sont vieillots, l’équipement est vétuste et l’attente, pour toute chose, est interminable. Quand on vient d’Europe, le choc est brutal! Je connais plusieurs Marocains qui n’ont pas hésité à rentrer au pays pour se faire soigner! Quant à l’option du privé, elle est interdite par la loi. Le sujet est débattu depuis des années, sauf que le Canada est avec la Corée du Nord, le seul pays qui interdit les hôpitaux privés.
- Le corporatisme. Le Québec va chercher en Europe des diplômés pour les jeter en pâture aux Ordres et aux Associations professionnelles. Je l’ai dénoncé dans un article paru sur le Québécois Libre (vers un gâchis de compétences, http://www.quebecoislibre.org/07/071007-3.htm). Ingénieur en France comme dans plusieurs autres pays où j’ai travaillé, il n’y a qu’au Québec où je n’ai pas pu l’être, alors que j’avais été « sélectionné » sur ce critère. Cela pourrait être risible si cela n’était pas dramatique pour bien des immigrés, arrivés en famille et se rendant compte une fois sur place que leurs diplômes ne valent rien, leur expérience déconsidérée et qu’ils n’ont d’autre choix que de reprendre leurs études dans un parcours du combattant digne des douze travaux d’Astérix! Certains renoncent et rentrent ou repartent ailleurs. Nombreux restent, parce qu’ils n’ont pas le choix. Quand on vient d’Afrique du Nord et que l’on est parti pour « l’Amérique », on n’a pas le droit de rentrer plus pauvre qu’au départ. J’ai rencontré ainsi des pharmaciens, des dentistes, des chirurgiens (…) végéter dans des emplois sous-qualifiés, dans des pizzérias, dans des taxis, dans des centres d’appels, à prétendre au téléphone, à la famille restée au pays, qu’ils vivaient ici une vie extraordinaire. Le corporatisme québécois est frileux, xénophobe et protège ses membres de la manne étrangère. Comme les Cadres n’ont pas le droit de se syndiquer au Québec, ils ont choisit une autre voie qui assure le protectionnisme, mais l’immigré en paie le prix en sacrifiant sa carrière, son expérience et ses acquis.
- Le nombrilisme ethnocentriste. Au Québec, on ne parle que du Québec et quand on le compare au reste du monde, c’est seulement pour l’encenser. Ce nombrilisme s’inclut dans une politique étatiste de rassurement populaire : « l’État s’occupe de tout et le Québec est un leader mondial dans tout un tas de domaines ». Pour tous ceux qui viennent d’ailleurs, ce leitmotiv en boucle dans l’inconscient populaire amuse au début puis agace et exaspère très vite puisqu’il justifie la frilosité du corporatisme local : « puisque le Québec est en avance sur le Monde, il est normal que les diplômés d’ailleurs soient forcément sous-qualifiés! ». Pourtant, une fois sur place, baigné dans le monde du travail, force est de constater que le niveau n’a rien d’extraordinaire. Le Québec n’échappe pas à la mode nord-américaine de l’auto-gratification. Par contre, quand l’incompétence est en cause, elle sera toujours camouflée sous le tapis des impondérables. Ainsi, l’état désastreux des routes est imputé au climat « terrible et unique sur la planète », aucunement au travail cochonné du MTQ. Ainsi dit, les payeurs de taxes auront l’impression d’être surhumains pour vivre dans des conditions planétaires extrêmes. Cet exemple se dérive en milliers d’autres. Alors, quand un immigré (comble de crime de lèse-majesté, s’il vient de France) à l’outrecuidance de critiquer la Belle-Province, la porte lui est montrée au premier timbre de son accent pointu. S’il utilise un parlé trop châtié avec l’accent de Paris, c’est tout juste si on ne le raccompagnera pas à Dorval pour le premier vol sur Air-France. Au Québec, même en tant que citoyen, le profil bas est obligatoire pour l’immigré. Ca donne, après quelques temps, l’impression de ne pas être « chez soi ». Vivre au Québec, avec cette obligation de réserve induite par son rang d’importé, force au repli identitaire. J’ai pourtant vécu dans une dizaine de pays et jamais je ne me suis senti aussi étranger qu’au Québec, alors même que je suis Canadien. En cela, la province est une société distincte. Au Québec, je devais taire que je venais de France; dans le Canada anglais, je devais taire que je venais du Québec, il n’y avait qu’aux USA que je me sentais un peu plus libre. Le Québec a une volonté d’accueil assez limitée; il voit dans l’immigration, à tort ou à raison, la noyade de son identité. Dans le reste du pays, l’identité s’organisme autour de la citoyenneté. Pas au Québec! Tout y est épidermique. Un immigrant n’a pas le droit de ne pas aimer, on lui demandera alors de « retourner chez lui ».
- L’immobilisme. Quand je suis arrivé au Québec, il y a une douzaine d’années, j’ai été émerveillé. J’ai aimé la ville, ses lumières, son coté nord-américain des films, la propreté de ses rues, les murs immaculés des villes (…) Je me suis dit : on est en Amérique, dans la folie furieuse du mouvement permanent. Grosse erreur! Le film rapide s’est vite figé. Arrêt sur image et décoloration en sépia. Le Québec a connu un grand boom lors de sa Révolution Tranquille et sous la gouverne de René Levesque. Mais depuis, il dort sur ses lauriers. La lourde machine ralentit d’années en années et s’endette pour payer l’épicerie. La population vieillit. L’immigration s’amenuise d’elle-même. Les villes ferment en région. Les entreprises délocalisent. Les jeunes diplômés partent à l’Ouest et au Sud, les ghettos s’organisent, la violence juvénile s’installe dans les quartiers (…) C’est vraiment la seule dynamique qui se mesure au quotidien. Le reste n’est que projets, promesses et prétention. Les autoroutes finissent dans les champs. Les projets prennent des années d’études avant d’être abandonnés faute de moyens financiers. Les nombreux travaux que l’on voit tournent autour du replâtrage et du rafistolage de ce qui tombe en ruine. Quant aux grands projets, quand ils ne sont pas combattus avec férocité par les bien-pensants, ils finissent par crever les budgets par un facteur outrancier. Le Québec a la faculté d’endormir par son inertie. Le Montréal d’aujourd’hui ressemble à celui d’il y a 20 ans, en dégradé noir et blanc. Un ami me le confirmait encore : « rien n’a changé! ». Je suis retourné en France, dans plusieurs villes de province et j’ai été stupéfié des changements! J’ai eu l’impression de sortir de la glace. Vivre au Québec, s’est faire un arrêt sur l’image, c’est vieillir sans avancer, sans progresser et sans apprendre. C’est s’anesthésier dans un petit confort routinier que bercent les quatre saisons, qu’on finit par ne plus compter.
- Le système d’éducation. Je suis comme nombreux, j’ai lu ca et la les résultats étonnants mettant les élèves québécois à la tête des nations pour la lecture et les mathématiques. Je dis étonnant parce que la réalité sur le terrain est à l’opposé du résultat. La connaissance du fonctionnement du système rend improbable de tels chiffres. Le MEQ impose depuis une dizaine d’années une réforme de l’enseignement, copiée de quelques pays qui l’ont abandonnée en voyant le désastre provoqué. Cette réforme est agrémentée d’une approche féministe et d’un concept de nivellement par le bas teinté de mièvrerie. La pédagogie est amicale, tous les enfants sont des amis, les jeux un peu trop rapides sont interdits, les cacahuètes aussi, et les garçons un peu trop turbulents sont obligatoirement drogués au Ritalin. L’enseignement au Québec ne reconnaît qu’un sexe : la fille. Le programme est conçu pour elle. Les cours, les méthodes, les jeux, les enseignantes (…) tout est féminisé. La seule réponse donnée aux garçons qui étouffent dans cet univers rose est le Ritalin, une drogue distribuée comme des bonbons qui les endort de fortes migraines. Les chiffres sont édifiants : 40% de décrochage scolaire au Québec au secondaire, 90% d’entre-eux par des garçons. Les écoles privées sont hors de prix et offrent finalement un niveau d’école publique en France. Comme cela m’a été confirmé par des enseignants ici, les élèves québécois du primaire qui viennent en France ont en moyenne 2 ans de retard sur le programme de l’Éducation Nationale. Quant au niveau universitaire, il n’est guère fameux. Au Québec comme en Amérique du Nord, l’usage est au par-cœur. L’important, c’est de répondre au QCM. Jamais de question piège, jamais de raisonnement, jamais de mise à l’épreuve. L’important n’est pas d’avoir compris, juste de savoir réciter pour avoir ses crédits.
- L’économie en déclin. J’aime bien les bonnes nouvelles. J’aime bien savoir que je ne travaille pas pour rien et que l’avenir est radieux. J’aime bien avoir confiance en demain. J’aime bien payer des taxes pour quelque-chose. Je n’ai jamais ressenti cela au Québec. Je n’ai jamais réussi à faire confiance aux politiques. Les lobbies et les syndicats tirent chacun la couverture à eux. Le statu-quo est la seule réponse que savent donner les politiques plus occupés à leur carrière qu’à attaquer les vrais dossiers. Au Québec, j’ai surtout vu du pelletage de nuage et de grandes dépenses dans des études toujours contestées. Alors qu’elle ne compte que 7 millions d’habitant, la Province à l’inertie de la Commission Européenne. Toronto s’est développé de façon magistrale. Vancouver aussi. L’Alberta a le vent en poupe avec ses sables bitumineux. Le Québec a de bonnes ressources hydro-électriques mais semble incapable de les transformer en revenus. Les cafouillages séparatistes découragent les investisseurs. Les syndicats font fuir les entrepreneurs. Le vieillissement de la population est un fléau que personne ne veut aborder. Le niveau de taxation est une entrave à tout développement. Le cercle est vicieux parce que les choses ont trop trainé. Il aurait fallu s’y prendre bien plus tôt. Aujourd’hui, l’effort demandé est colossal et personne ne veut payer les dettes des autres, ce qui est normal. Le Canada étant grand, le monde étant vaste, le Québec se retrouve de plus en plus isolé dans ses contradictions. Il suffit de regarder le film « l’illusion tranquille » pour se rendre compte que le pire est à venir.
Le Québec n’est pas fait pour les Européens et moins encore pour les Français. Je comprends encore les réfugiés politiques ou économiques qui n’ont pas d’autres choix. Mais pour un Européen, choisir le Québec pour y faire sa vie est un aveu de naïveté. Un miroir aux alouettes. Quand me prend le temps de regarder les nouvelles du Québec, par Internet, je me sens apaisé de ne plus y être. Tout semble tellement plus clair vu d’ailleurs.
Une semaine après notre arrivée à Montréal, j’étais dans mon appartement meublé et j’ai cru voir passer un tapis devant ma fenêtre. Je me suis approché de la rampe et j’ai regardé en bas. J’ai vu un homme, en bedaine, tressautant encore. Il avait sauté du dixième étage. Une histoire de couple, un ras-le-bol de la vie. Douze ans plus tard, j’ai toujours cette image dans la tête. Je sais qu’entre temps, des milliers d’autres ont fait comme lui.
Je retourne à mon soleil et à la vraie vie de la Provence, qui se conjugue ici en Être et en plaisirs et non pas comme là-bas, en maigres Avoirs et en long jours de tristesse.
Ce texte provient d'un blogue (quitterlequebec.com) et a été reproduit sur le site cité précédemment :
Yann Takvorian 43 ans
Envoyé le 2007-10-28 19:35:17
Après une décennie au Québec, j’ai décidé de rentrer en France, pour mon bien et celui de mon premier fils. J’ai pourtant fait deux longues tentatives pour faire du Québec mon chez-moi. La première qui a duré 7 ans, la seconde 4 ans. J’ai payé des centaines de millier de dollars en taxes, j’ai fait des enfants que les Québécois ne font plus, je suis tombé en amour pour une belle québécoise et j’ai même tenté de créer une compagnie alors que c’est souvent peine perdue quand on n’est pas du pays. Mais rien n’y a fait. Le Québec n’a été pour moi qu’une longue déception.
Il y a 10 ans, le Québec n’était pas dans cet état de délabrement d’aujourd’hui. Il n’y avait pas ce racisme anti-immigré qui fait le quotidien des nouvelles depuis quelques années. Il n’y avait pas ces problèmes économiques qui annoncent des vaches maigres pour plusieurs générations à venir. Il y a 10 ans, le Québec avait quelques atouts, même si le corporatisme sectaire, frileux et xénophobe de la province faisait déjà passer la DGQ pour de fieffés affabulateurs. Sept ans plus tard, à ma deuxième tentative, je n’ai plus rien trouvé de valable. J’ai constaté que la société québécoise s’était contractée dans un repli identitaire face à sa propre dévolution. Un marasme qu’il est impossible de dénoncer, en tant qu’ancien immigré, même si on le subit tous les jours. Critiquer le Québec n’est réservé qu’aux locaux qui se font même traiter alors de colonisés par les pure-laines.
Je suis donc rentré en Provence où je me sens finalement chez moi et ou je me sens aussi plus « homme » (moins qu’en Israël certes mais assez pour ne plus baisser la tête comme avant, devant ces matrones misandres qui conduisent cette province).
Je vais donc ici dresser la liste de tout ce qui m’est apparu cruel au Québec (les points positifs sont maigres et tous repris par Tourisme Québec. Sauf que, un immigrant n’est pas un touriste, détail d’importance qu’il comprendra avec les années).
Si vous êtes un futur immigrant au Québec, prenez la peine de lire ceci est ne croyez pas que vous serez plus fort que les autres (si c’était le cas, vous n’en seriez pas à chercher à immigrer, au Québec en plus!)
- La xénophobie. On a beau dire et entendre que les Québécois sont nos cousins, la réalité du terrain n’est pas facile à vivre. Pour reprendre une juste expression lue sur le site immigrer-contact, les Québécois vous accueilleront à bras ouverts, mais ne les refermeront jamais. Les Québécois sont généralement soit hostiles à l’étranger, soit indifférents, comme partout ailleurs. Le coté multiculturel mis en avant par le gouvernement à l’étranger, pour attirer le chaland, n’est que pure fantasme. On se rend vite compte, au Québec, que l’étranger est mauvais. L’anglophone d’abord, parce qu’il est Canadien; l’Américain aussi, parce qu’il est capitaliste; l’immigrant ensuite, parce qu’il vient voler « la job »; le Français surtout, parce qu’il vient de France; l’Indien, parce qu’il chiale malgré ses avantages; le BS, parce qu’il y en a trop… À vivre au Québec, on apprend le sens de l’exclusion, et il est marqué du sceau du « nouzot » qui rassemble les « pure-laine » sous une même bannière et exclut de facto les impies, les importés, les minorités (…) sous le vocable de « euzot ». Mais c’est un peu ma faute aussi. J’aurais du savoir qu’une province qui clame son indépendance depuis des années a développé un sentiment nationaliste fort. Et ce nationalisme s’organise autour d’un concept identitaire : « le Québec aux Québécois! ». Ainsi, la Province a rapatrié tout un tas de prérogatives gouvernementales, qui font double-emploi avec Ottawa, mais donnent l’impression que le Québec ne peut être administré… que par des Québécois. Alors, l’étranger ou l’allophone est accueilli avec la même réserve que le continental en Corse. En dépit du mythe entretenu à l’étranger, le Québec n’est plus vraiment accueillant pour les immigrés, moins encore s’ils sont visibles, audibles ou trop croyants.
- Le féminisme. Ne croyez pas ceux qui vous diront que c’est partout pareil! Le féminisme au Québec est institutionnalisé. Ce n’est pas l’affaire de quelques lobbies qui braillent de temps à autre sur des plateaux télé, comme en France. Le féminisme québécois est une marque de commerce autant que de fabrique. Les lobbies sont surpuissants et bien représentés au Ministère de la Condition Féminine qui a droit de véto sur tous les autres Ministères! Ajoutez à cela le Conseil du Statut de la Femme et les Fédérations des Femmes du Québec et vous comprendrez pourquoi les associations féminines recueillent des centaines de millions de dollars en subventions chaque année alors que les quelques regroupements d’hommes n’obtiennent que des miettes. Le féminisme au Québec est radical en ce sens qu’il est mysandrique. La femme est représentée à tous les niveaux (chansons, films, téléséries, médias, publicités…) comme une déesse victime de la dégénérescence humaine incarnée par l’homme, le mâle (qui au Québec, ne prend ni E ni accent). Ainsi, petit à petit, le système, insidieusement, castre ses mâles et en fait des hommes-roses, sortes d’androgynes résignés à leur condition. Au Québec, l’homme sera toujours représenté comme le démon, le coupable, le fautif. Les journaux, la radio, la télévision (…) se font le relais des campagnes de dénigrements sexistes orchestrés par les lobbies féministes. La désinformation se justifie par le besoin d’aller chercher des subventions toujours plus importantes. On nous parle de pédophiles et de prédateurs sexuels à tous les repas. Ainsi, au Québec, tous les ans, on commémore la tuerie de polytechnique qui a fait 15 victimes, par un psychopathe qui disait haïr les féministes. Depuis plus d’une décennie, la Machine célèbre ce drame pour bien faire comprendre aux hommes qu’ils ne sont que tolérés dans cette société. D’ailleurs, leurs maux n’intéressent personne. Cinq fois plus d’hommes que de femmes se suicident chaque année au Québec (plus de 1000 par années). La première cause de mortalité au Québec chez les hommes de moins de 40 ans est le suicide. Le Québec a le plus haut taux de suicide chez les jeunes garçons de 19 à 25 ans. Mais cela, les féministes n’en ont cure. Il est impossible d’en parler. Les quelques associations qui tentent de défendre les hommes et les pères bafoués par le système sont vilipendés par des matrones bien installées dans la sphère publique et politique. Au Québec règne une loi du silence qui étouffe et amoindrit. En tant qu’homme, on finit par se révolter d’être constamment déconsidéré, humilié et accusé par anticipation de tous les vices. On a l’impression de vivre dans un film d’Hitchcock. Une fois qu’on a pris conscience de la machination, on la voit partout. Au bout de quelques années, soit on capitule et on s’avilit, soit on se rebiffe et on s’enfuit sauver sa « virilité » ailleurs.
- La fiscalité. J’ai tendance à dire qu’en France, on paie beaucoup d’impôts mais qu’on en a pour son argent. Au États-Unis, on paie très peu d’impôts et donc, on n’a pas grand chose en retour. Au Québec, on paie beaucoup d’impôts en plus de ne pas avoir grand chose en retour! Au début, on est sidéré, puis on finit par comprendre : le Québec s’est doté d’une politique d’assistanat social appelé « modèle québécois » et empruntant tout un tas de concepts beatnik venant des pays Nordiques. Dans les années 70, il était facile d’être généreux avec l’argent des autres (Ottawa d’abord, les générations suivantes ensuite) et de vivre à crédit. Ce que fit l’État durant les 30 glorieuses. Le Québec s’est construit en pleine révolution sexuelle, dans la mouvance gauchiste de Che-Guevara et avec la noble intention de développer la distinction québécoise de manière à s’affranchir du reste du Canada. S’est donc développé un modèle social terriblement onéreux et passablement étouffant. Au Québec, tout est géré par l’État et sa cohorte de fonctionnaires. Si vous pensez que la France est un mammouth, c’est un rat en comparaison! Pensez qu’une province dix fois moins peuplée compte davantage de Ministères! Que ce soit l’aide sociale, les syndicats, les fonctionnaires, les subventions, les études, les lobbies (…) ca coute cher. Or, au Québec, plus de la moitié des actifs ne paient pas d’impôts. Les entreprises non plus parce qu’elles s’installeraient en Ontario autrement. Reste donc la classe moyenne qui supporte le plus gros de l’assiette fiscale de la Province. Une classe moyenne ténue qui s’amenuise d’année en année avec la fuite des cerveaux vers les USA et l’Alberta. Une fuite qui n’est d’ailleurs pas compensée par l’immigration, elle-même de plus en plus paupérisée. Bref, au Québec, la fiscalité égorge l’honnête travailleur et rend ahuri l’immigrant Français qui découvre que le Québec ne partage avec l’Amérique que quelques longitudes seulement. Et ce n’est pas près de changer en considérant la dette colossale de la Province et le délabrement croissant de toutes ses infrastructures.
- Le système de Santé. La Délégation Générale du Québec, à Paris comme à Bruxelles, est prompte à dire que le Canada a un des meilleurs systèmes de Santé au monde. Or, il se trouve que l’accès aux soins est tellement difficile que l’on fait face à une situation digne du tiers monde. Le sous-financement chronique du système de Santé tient à deux facteurs difficilement conciliables : la gratuité obligatoire des soins, excluant donc le privé de la sphère médicale; le vieillissement de la population, une conséquence de l’après-guerre aggravée par un quart de siècle de féminisme. Il n’est donc pas rare, au Québec, d’attendre 6 à 8 heure, assis sur des chaises de cantine, dans une ambiance de dispensaire d’Afrique, pour voir un médecin en devoir, en coup de vent, parce que le médecin de famille est indisponible pour les deux mois qui viennent. Il est normal, au Québec, d’attendre plusieurs mois pour voir un spécialiste et d’attendre plusieurs années pour une chirurgie non-urgente. La visite d’un hôpital en dissuadera plus d’un d’être malade. Les couloirs débordent de patients, les visiteurs passent et repassent devant des malades laissés des jours et des jours à la vue de tous, les bâtiments sont vieillots, l’équipement est vétuste et l’attente, pour toute chose, est interminable. Quand on vient d’Europe, le choc est brutal! Je connais plusieurs Marocains qui n’ont pas hésité à rentrer au pays pour se faire soigner! Quant à l’option du privé, elle est interdite par la loi. Le sujet est débattu depuis des années, sauf que le Canada est avec la Corée du Nord, le seul pays qui interdit les hôpitaux privés.
- Le corporatisme. Le Québec va chercher en Europe des diplômés pour les jeter en pâture aux Ordres et aux Associations professionnelles. Je l’ai dénoncé dans un article paru sur le Québécois Libre (vers un gâchis de compétences, http://www.quebecoislibre.org/07/071007-3.htm). Ingénieur en France comme dans plusieurs autres pays où j’ai travaillé, il n’y a qu’au Québec où je n’ai pas pu l’être, alors que j’avais été « sélectionné » sur ce critère. Cela pourrait être risible si cela n’était pas dramatique pour bien des immigrés, arrivés en famille et se rendant compte une fois sur place que leurs diplômes ne valent rien, leur expérience déconsidérée et qu’ils n’ont d’autre choix que de reprendre leurs études dans un parcours du combattant digne des douze travaux d’Astérix! Certains renoncent et rentrent ou repartent ailleurs. Nombreux restent, parce qu’ils n’ont pas le choix. Quand on vient d’Afrique du Nord et que l’on est parti pour « l’Amérique », on n’a pas le droit de rentrer plus pauvre qu’au départ. J’ai rencontré ainsi des pharmaciens, des dentistes, des chirurgiens (…) végéter dans des emplois sous-qualifiés, dans des pizzérias, dans des taxis, dans des centres d’appels, à prétendre au téléphone, à la famille restée au pays, qu’ils vivaient ici une vie extraordinaire. Le corporatisme québécois est frileux, xénophobe et protège ses membres de la manne étrangère. Comme les Cadres n’ont pas le droit de se syndiquer au Québec, ils ont choisit une autre voie qui assure le protectionnisme, mais l’immigré en paie le prix en sacrifiant sa carrière, son expérience et ses acquis.
- Le nombrilisme ethnocentriste. Au Québec, on ne parle que du Québec et quand on le compare au reste du monde, c’est seulement pour l’encenser. Ce nombrilisme s’inclut dans une politique étatiste de rassurement populaire : « l’État s’occupe de tout et le Québec est un leader mondial dans tout un tas de domaines ». Pour tous ceux qui viennent d’ailleurs, ce leitmotiv en boucle dans l’inconscient populaire amuse au début puis agace et exaspère très vite puisqu’il justifie la frilosité du corporatisme local : « puisque le Québec est en avance sur le Monde, il est normal que les diplômés d’ailleurs soient forcément sous-qualifiés! ». Pourtant, une fois sur place, baigné dans le monde du travail, force est de constater que le niveau n’a rien d’extraordinaire. Le Québec n’échappe pas à la mode nord-américaine de l’auto-gratification. Par contre, quand l’incompétence est en cause, elle sera toujours camouflée sous le tapis des impondérables. Ainsi, l’état désastreux des routes est imputé au climat « terrible et unique sur la planète », aucunement au travail cochonné du MTQ. Ainsi dit, les payeurs de taxes auront l’impression d’être surhumains pour vivre dans des conditions planétaires extrêmes. Cet exemple se dérive en milliers d’autres. Alors, quand un immigré (comble de crime de lèse-majesté, s’il vient de France) à l’outrecuidance de critiquer la Belle-Province, la porte lui est montrée au premier timbre de son accent pointu. S’il utilise un parlé trop châtié avec l’accent de Paris, c’est tout juste si on ne le raccompagnera pas à Dorval pour le premier vol sur Air-France. Au Québec, même en tant que citoyen, le profil bas est obligatoire pour l’immigré. Ca donne, après quelques temps, l’impression de ne pas être « chez soi ». Vivre au Québec, avec cette obligation de réserve induite par son rang d’importé, force au repli identitaire. J’ai pourtant vécu dans une dizaine de pays et jamais je ne me suis senti aussi étranger qu’au Québec, alors même que je suis Canadien. En cela, la province est une société distincte. Au Québec, je devais taire que je venais de France; dans le Canada anglais, je devais taire que je venais du Québec, il n’y avait qu’aux USA que je me sentais un peu plus libre. Le Québec a une volonté d’accueil assez limitée; il voit dans l’immigration, à tort ou à raison, la noyade de son identité. Dans le reste du pays, l’identité s’organisme autour de la citoyenneté. Pas au Québec! Tout y est épidermique. Un immigrant n’a pas le droit de ne pas aimer, on lui demandera alors de « retourner chez lui ».
- L’immobilisme. Quand je suis arrivé au Québec, il y a une douzaine d’années, j’ai été émerveillé. J’ai aimé la ville, ses lumières, son coté nord-américain des films, la propreté de ses rues, les murs immaculés des villes (…) Je me suis dit : on est en Amérique, dans la folie furieuse du mouvement permanent. Grosse erreur! Le film rapide s’est vite figé. Arrêt sur image et décoloration en sépia. Le Québec a connu un grand boom lors de sa Révolution Tranquille et sous la gouverne de René Levesque. Mais depuis, il dort sur ses lauriers. La lourde machine ralentit d’années en années et s’endette pour payer l’épicerie. La population vieillit. L’immigration s’amenuise d’elle-même. Les villes ferment en région. Les entreprises délocalisent. Les jeunes diplômés partent à l’Ouest et au Sud, les ghettos s’organisent, la violence juvénile s’installe dans les quartiers (…) C’est vraiment la seule dynamique qui se mesure au quotidien. Le reste n’est que projets, promesses et prétention. Les autoroutes finissent dans les champs. Les projets prennent des années d’études avant d’être abandonnés faute de moyens financiers. Les nombreux travaux que l’on voit tournent autour du replâtrage et du rafistolage de ce qui tombe en ruine. Quant aux grands projets, quand ils ne sont pas combattus avec férocité par les bien-pensants, ils finissent par crever les budgets par un facteur outrancier. Le Québec a la faculté d’endormir par son inertie. Le Montréal d’aujourd’hui ressemble à celui d’il y a 20 ans, en dégradé noir et blanc. Un ami me le confirmait encore : « rien n’a changé! ». Je suis retourné en France, dans plusieurs villes de province et j’ai été stupéfié des changements! J’ai eu l’impression de sortir de la glace. Vivre au Québec, s’est faire un arrêt sur l’image, c’est vieillir sans avancer, sans progresser et sans apprendre. C’est s’anesthésier dans un petit confort routinier que bercent les quatre saisons, qu’on finit par ne plus compter.
- Le système d’éducation. Je suis comme nombreux, j’ai lu ca et la les résultats étonnants mettant les élèves québécois à la tête des nations pour la lecture et les mathématiques. Je dis étonnant parce que la réalité sur le terrain est à l’opposé du résultat. La connaissance du fonctionnement du système rend improbable de tels chiffres. Le MEQ impose depuis une dizaine d’années une réforme de l’enseignement, copiée de quelques pays qui l’ont abandonnée en voyant le désastre provoqué. Cette réforme est agrémentée d’une approche féministe et d’un concept de nivellement par le bas teinté de mièvrerie. La pédagogie est amicale, tous les enfants sont des amis, les jeux un peu trop rapides sont interdits, les cacahuètes aussi, et les garçons un peu trop turbulents sont obligatoirement drogués au Ritalin. L’enseignement au Québec ne reconnaît qu’un sexe : la fille. Le programme est conçu pour elle. Les cours, les méthodes, les jeux, les enseignantes (…) tout est féminisé. La seule réponse donnée aux garçons qui étouffent dans cet univers rose est le Ritalin, une drogue distribuée comme des bonbons qui les endort de fortes migraines. Les chiffres sont édifiants : 40% de décrochage scolaire au Québec au secondaire, 90% d’entre-eux par des garçons. Les écoles privées sont hors de prix et offrent finalement un niveau d’école publique en France. Comme cela m’a été confirmé par des enseignants ici, les élèves québécois du primaire qui viennent en France ont en moyenne 2 ans de retard sur le programme de l’Éducation Nationale. Quant au niveau universitaire, il n’est guère fameux. Au Québec comme en Amérique du Nord, l’usage est au par-cœur. L’important, c’est de répondre au QCM. Jamais de question piège, jamais de raisonnement, jamais de mise à l’épreuve. L’important n’est pas d’avoir compris, juste de savoir réciter pour avoir ses crédits.
- L’économie en déclin. J’aime bien les bonnes nouvelles. J’aime bien savoir que je ne travaille pas pour rien et que l’avenir est radieux. J’aime bien avoir confiance en demain. J’aime bien payer des taxes pour quelque-chose. Je n’ai jamais ressenti cela au Québec. Je n’ai jamais réussi à faire confiance aux politiques. Les lobbies et les syndicats tirent chacun la couverture à eux. Le statu-quo est la seule réponse que savent donner les politiques plus occupés à leur carrière qu’à attaquer les vrais dossiers. Au Québec, j’ai surtout vu du pelletage de nuage et de grandes dépenses dans des études toujours contestées. Alors qu’elle ne compte que 7 millions d’habitant, la Province à l’inertie de la Commission Européenne. Toronto s’est développé de façon magistrale. Vancouver aussi. L’Alberta a le vent en poupe avec ses sables bitumineux. Le Québec a de bonnes ressources hydro-électriques mais semble incapable de les transformer en revenus. Les cafouillages séparatistes découragent les investisseurs. Les syndicats font fuir les entrepreneurs. Le vieillissement de la population est un fléau que personne ne veut aborder. Le niveau de taxation est une entrave à tout développement. Le cercle est vicieux parce que les choses ont trop trainé. Il aurait fallu s’y prendre bien plus tôt. Aujourd’hui, l’effort demandé est colossal et personne ne veut payer les dettes des autres, ce qui est normal. Le Canada étant grand, le monde étant vaste, le Québec se retrouve de plus en plus isolé dans ses contradictions. Il suffit de regarder le film « l’illusion tranquille » pour se rendre compte que le pire est à venir.
Le Québec n’est pas fait pour les Européens et moins encore pour les Français. Je comprends encore les réfugiés politiques ou économiques qui n’ont pas d’autres choix. Mais pour un Européen, choisir le Québec pour y faire sa vie est un aveu de naïveté. Un miroir aux alouettes. Quand me prend le temps de regarder les nouvelles du Québec, par Internet, je me sens apaisé de ne plus y être. Tout semble tellement plus clair vu d’ailleurs.
Une semaine après notre arrivée à Montréal, j’étais dans mon appartement meublé et j’ai cru voir passer un tapis devant ma fenêtre. Je me suis approché de la rampe et j’ai regardé en bas. J’ai vu un homme, en bedaine, tressautant encore. Il avait sauté du dixième étage. Une histoire de couple, un ras-le-bol de la vie. Douze ans plus tard, j’ai toujours cette image dans la tête. Je sais qu’entre temps, des milliers d’autres ont fait comme lui.
Je retourne à mon soleil et à la vraie vie de la Provence, qui se conjugue ici en Être et en plaisirs et non pas comme là-bas, en maigres Avoirs et en long jours de tristesse.
"Oncques ne fauldray...jamais ne faillira"
Homo Platoregimontis