message posté le 9 janv 2016 à 12h40
Un tiers des remontées mécaniques ne survit que grâce à l'argent public
En raison du franc fort et d'un manque de neige, les remontées mécaniques suisses ont vécu un début de saison compliqué. Ces difficultés ne sont toutefois pas récentes: un tiers des installations ne survit que grâce aux pouvoirs publics
L'évolution à long terme du nombre de visiteurs n'est guère réjouissante: l'hiver dernier, les stations de ski suisses ont généré près de 20% d'entrées de moins qu'il y a dix ans.
Le nombre de visiteurs n'a quasiment pas cessé de diminuer depuis l'hiver 2008/2009, ressort-il d'une publication de l'association faîtière Remontées mécaniques suisses (RMS). Ce qui n'est pas le cas partout: dans les pays voisins comme la France et l'Autriche, la fréquentation a stagné voire légèrement augmenté.
Selon Andreas Keller, porte-parole de Remontées mécaniques suisses, il y a deux explications aux difficultés rencontrées par les chemins de fer de montagne: d'une part les Européens ont moins tendance à pratiquer des sports de neige que par le passé.
Le ralentissement de l'économie européenne ne facilite pas les choses. Certains décident d'abandonner les sports d'hiver, particulièrement coûteux. Les stations d'hiver sont incapables de concurrencer les vacances balnéaires ou en ville, qui sont devenues très bon marché.
Préjudice important
L'autre explication réside dans le phénomène du franc fort: un «inconvénient majeur», selon Andreas Keller. La baisse du nombre de visiteurs a commencé à partir de 2009, soit au moment où le franc a commencé à se renforcer vis-à-vis de l'euro, fait remarquer le porte-parole.
Le secteur ne veut «pas pleurnicher». Il n'en reste pas moins que les vacances de ski en Suisse coûtent sensiblement plus cher pour les visiteurs européens. Parallèlement, les séjours à l'étranger sont plus favorables pour les Suisses.
Les stations de ski helvétiques sont restées prudentes en matière de hausses de prix afin de ne pas accroître davantage les différences de prix avec l'étranger. Des sources de revenus supplémentaires s'avèrent toutefois nécessaires afin de poursuivre les activités, note Andreas Keller.
Ajustements structurels
La situation pourrait devenir très difficile pour de nombreux chemins de fer de montagne. Andreas Keller se refuse à spéculer sur le nombre d'installations qui pourraient cesser leurs activités. «Des ajustements structurels sont toutefois tout à fait possibles», estime-t-il.
La fermeture de remontées mécaniques a parfois des répercussions sur toute une région. Le tourisme est souvent l'un des piliers de l'économie des régions alpines. Lorsque des chemins de fer de montagne ferment, des hôtels, des restaurants et des détaillants sont menacés, soit de nombreux emplois. «Sans remontées mécaniques, un lieu disparaît tout simplement de la carte touristique», résume Andreas Keller.
De nombreuses communes ou cantons soutiennent déjà financièrement des chemins de fer de montagne. Selon Andreas Keller, un tiers des installations en Suisse peut se financer entièrement de façon indépendante. Un tiers dépend partiellement des prêts ou d'autres fonds des pouvoirs publics, tandis que le dernier tiers ne doit sa survie qu'à l'engagement des collectivités.
Mécénat
Certains chemins de fer parviennent à échapper à la fermeture grâce à l'aide de mécènes. Ernesto Bertarelli, qui réside à Saanen (BE), a par exemple investi dans les chemins de fer de Saanenland. Ce genre de sauvetage n'est toutefois pas sans danger. Le risque de faillite est élevé si un gros investisseur retire ses billes.
Remontées mécaniques suisses mise plutôt sur une amélioration des conditions-cadres, comme des rabais fiscaux, et sur la relève locale. L'association faîtière veut redonner le goût des sports d'hiver aux jeunes grâce à des réductions et en facilitant les réservations pour les écoles. Ces mesures doivent contribuer à l'avenir à faire repartir à la hausse le nombre de clients.
Source: Le Temps
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