La Régie refuse les déchets de Gatineau et Sherbrooke
Paule Vermot-Desroches
Le Nouvelliste
Shawinigan
La Mauricie n'accueillera finalement pas les déchets de Sherbrooke, ni ceux de Gatineau, du moins pas pour le moment. La Régie de gestion des matières résiduelles de la Mauricie a tranché cette question en assemblée régulière, hier soir à Shawinigan.
Cette décision résulte du fait que la Régie ne souhaite pas précipiter les choses quant à la construction d'une usine de valorisation des déchets en Mauricie.
La semaine dernière, le quotidien Le Droit d'Ottawa soulignait que le conseil municipal de Gatineau était déchiré sur la question d'envoyer ou non ses déchets à Saint-Étienne-des-Grès.
Hier matin, c'est le quotidien La Tribune de Sherbrooke qui rapportait que le conseil municipal avait adopté à l'unanimité la résolution d'envoyer 35 000 tonnes de déchets en Mauricie.
Devant ces décisions, la Régie a dû prendre rapidement position, puisque d'autres ententes intermunicipales sont survenues entre temps, portant ainsi la capacité d'enfouissement des sites de Saint-Étienne-des-Grès et Champlain à leur maximum.
Car si des propositions d'ententes intermunicipales avaient bel et bien été faites à Sherbrooke et Gatineau, il en était de même pour les municipalités de l'Islet, Vallée de la Matapédia et Thetford Mines.
Ces trois municipalités ont toutefois officialisé les ententes avant Sherbrooke et Gatineau, ce qui ne laissait plus de capacité d'accueil.
Le site de Saint-Étienne-des-Grès, qui a une capacité d'accueil de 210 000 tonnes de déchets par année, reçoit actuellement près de 170 000 tonnes.
À Champlain, ce sont environ 80 000 tonnes reçues pour une capacité de 100 000. Ainsi, il restait de la place pour environ 60 000 tonnes par année.
À la fin du mois de janvier, les sites d'enfouissement recevront 12 000 tonnes de l'Islet, et 30 000 tonnes de Thetford Mines au printemps. Quant à la Vallée de la Matapédia, le contrat devrait être signé dans les prochains jours pour enfouir 20 000 tonnes.
Usine
Pour accueillir les déchets de Sherbrooke et de Gatineau, la Régie aurait dû se prononcer sur la construction de son usine de valorisation des matières résiduelles, projet qu'elle étudie déjà depuis un bon moment.
Or, le conseil d'administration de la Régie n'était pas encore prêt à décider si cette usine serait construite ou non. Et précipiter la décision n'aurait pas été intelligent, indique Pierre-A. Dupont, président du conseil d'administration.
"Ce n'est pas un projet à prendre à la légère. C'est un investissement de plusieurs dizaines de millions de dollars. Nous préférons attendre et se donner la chance de prendre une décision éclairée", mentionne M. Dupont.
Par contre, si un tel projet se réalise, on espère revaloriser près de 60 % des déchets qui sont normalement enfouis pour en faire du compost et du biogaz, et ainsi faire de la place sur les sites d'enfouissement pour de nouvelles ententes intermunicipales. Pierre-A. Dupont ne cache pas que c'est en partie avec ces ententes qu'on pourrait rapidement rentabiliser une telle usine.
"Nous prenons le risque de dire non à Sherbrooke et Gatineau maintenant. Si l'usine se construit et qu'ils sont toujours intéressés à venir chez nous à ce moment, tant mieux", souligne-t-il.
La décision concernant la construction ou non de l'usine de valorisation des matières résiduelles pourrait être prise par la RGMRM d'ici au printemps prochain.