message posté le 2 nov 2007 à 17h22édité le 4 oct 2010 à 22h03 par gabs [membre]
Mon oncle qui travaille dans le secteur aéronautique, et qui est direcetement influencé par l'activité d'Airbus dans notre région, m'a clairement dit sans honte que cet avion allait connaître la même histoire que le Concorde.
Plus ça dure, et plus les Toulousains appellent l'A380 le "2ème Concorde".
L'histoire est semblable entre les deux projets: On trouve des prouesses technologiques pour édifier un avion hors norme, qui tout compte fait, répond bien au-delà de la demande réelle des compagnies.
Il faut d'abord dire que Airbus était jusqu'en 1999 une formidable entreprise à finalité industrielle qui ne cessait de croître (nb de livraisons, nb de gammes d'avions, etc...). Jadis, à Toulouse, on appellait cette entreprise l' "aérospatiale", elle embauchait bon nombre de Toulousains quelques fois par tranche de 1000, les carnets de commande étaient pleins (ils le sont encore plus aujourd'hui, d'ailleurs).
Depuis que EADS a été créé en 1999, Airbus est une grosse filiale d'EADS qui est une coopération franco-allemande, à la base. Le problème, c'est que la finalité est non plus industrielle mais purement financière. Le projet A380 a donc été aussitôt lancé quelques mois après la création d'EADS. L'avion a pu être conçu, non seulement pour "faire transporter un grand nombre de passagers pour répondre à la croissance du trafic aérien mondial" selon la direction, mais surtout pour réaliser à travers cet avion une opération très rentable.
Seulement, comme pour le Concorde, le risque est très gros, tellement gros d'ailleurs qu'on se demande comment Airbus va parvenir à sortir de son gouffre financier, même après 2010, à l'issu du fameux plan d'économies POWER 8.
En nombre de commandes, Airbus a totalisé à ce jour environ 189 commandes fermes. Or, le projet serait rentable qu'à partir de 430 commandes! Je rappelle qu'un A380 coûte à l'unité environ 300 millions de $ US. Le risque énorme supplémentaire est celui du cours de l'€ par rapport au $.
Regardez ce que un centime de plus peut faire sur l'A380... (NB: aujourd'hui, 1 € = 1.4447 $ US)
Si l'avion coûte 300 000 000 $, pour un cours de 1.45$ pour 1€
Votre avion coûtera 302 000 000 $, pour un cours de 1.46$ pour 1€, soit 2 millions de plus sans que Airbus n'y fasse quelque chose)
Allez donc vendre ça aux payeurs en dollars US, c'est-à-dire la plupart des compagnies!.... L' avion est le plus gros risque qu'il puisse y avoir pour les exportations.
Donc voilà, Airbus est en crise (au delà de l'A380, de l'A350, de l'A400M...). C'est une réalité. Si vous voyez Sarkozy à la TV vendre 5 A380 auprès de l'émirat milliardaire, ne vous réjouissez pas trop vite. Rappellez-vous de tout ça.
Cette crise vient de cette mauvaise gestion qui aurait dû rester à finalité industrielle, et non financière. Seulement voilà, des actionnaires-requins nommés Forgeard, Lagardère (et d'autres) ont vite compris que l'A380 allait dégager ses 1ères et dernières richesses uniquement avant le plan Power 8.
Ils se sont enfuis d'Airbus et ont empoché au passage le pactole. Je ne fais pas des arguements tels que le font les partis de gauche (parti communiste ou socialiste), je dis simplement la réalité, en tant que Toulousain.
Je vais pas rentrer dans l'affaire avec l'État (Thierry Breton, ministre de l'économie à cette époque), c'est une autre histoire.
Stop, j'arrête! Vous, qu'en pensez-vous??
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Ma vie, ma ville Toulouse
Ici, on vient chercher l'image d'une brandade fière de l'être...