Merci à tous pour vos commentaires
!
[i]Spécial Saint-Etienne - Saint-Etienne veut changer d'image
Les images d'Epinal collent à la peau des Stéphanois comme d'anciennes vignettes Panini des Verts de Robert Herbin. L'heure n'est pourtant plus à la nostalgie ni à la restructuration, mais bien au nouvel essor : urbanisme, architecture, culture, design et même tourisme... Saint-Etienne, debout, est sur tous les fronts. Revue de détail.
Ils en ont assez. Assez de toujours discerner, dans le regard de leurs interlocuteurs, une pointe d'ironie ou de commisération. Assez de voir que les efforts qu'ils font pour convaincre du dynamisme de leur ville restent si souvent vains. Assez de ces sempiternelles allusions à un passé forcément bicolore-vert et noir-en référence à leur équipe de football et à leur histoire minière. Car les Stéphanois savent bien, eux, que l'image véhiculée par leur ville hors des frontières de la Loire ne correspond plus à la réalité. « Si Saint-Etienne se transforme rapidement, son image aux yeux de l'extérieur évolue beaucoup moins vite », regrette Elsa Francès, directrice de la Cité du design. Et les Stéphanois sont conscients que le développement de leur agglomération passe par la transformation de son image extérieure. « Nous devons impérativement mettre en évidence nos nombreux savoir-faire », martèle Maurice Vincent, le nouveau maire (PS) de la ville. Aussi les acteurs locaux s'emploient-ils à agir en conséquence. Depuis plusieurs années, pour certains ; depuis quelques semaines, pour d'autres.
Urbanisme : lifting tous azimuts
Maire (UMP-radical) de Saint-Etienne de 1994 à 2008, Michel Thiollière s'est lancé, dès son arrivée aux commandes, dans une intense politique de grands travaux. L'objectif ? Donner à Saint-Etienne une nouvelle image de modernité. « Les Stéphanois sont les meilleurs ambassadeurs de leur ville. J'ai donc voulu leur donner des arguments afin qu'ils puissent la défendre à l'extérieur », justifie aujourd'hui Michel Thiollière, battu aux dernières élections municipales.
Dans une frénésie de construction, Saint-Etienne s'est donc dotée d'infrastructures modernes, souvent conçues par des architectes de renom. Après la deuxième ligne de tramway, sortie de terre en 2006, le Zénith a ouvert ses portes il y a quelques jours. Il est signé Norman Foster, le célèbre créateur du viaduc de Millau et du métro de Bilbao. La réalisation de la Cité du design, qui sera inaugurée à l'automne 2009 (voir par ailleurs), a été confiée à l'Allemand Finn Geipel. L'architecte Manuelle Gautrand a quant à elle imaginé une cité administrative d'allure ultramoderne, baptisée Opération Grüner, qui abritera en 2009 les bureaux de Saint-Etienne Métropole et la direction départementale de l'équipement. Enfin, c'est le Japonais Fumihiko Maki-lauréat en 1993 du prix Pritzker, le Nobel des architectes-qui a été chargé d'élaborer le futur pôle de services et de logements situé dans le quartier de Châteaucreux.
Lorsqu'elle a été engagée par l'ancienne équipe municipale, la métamorphose de Saint-Etienne n'a pas manqué de susciter l'ire d'une partie de la classe politique locale. « A l'époque, mon opposition aux grands travaux ne portait pas sur la nécessité de faire bouger la ville, mais sur l'ampleur pharaonique des investissements, souligne Maurice Vincent. Mais aujourd'hui, nous terminons les chantiers et nous assumons les factures. »
Et ce n'est pas fini ! Depuis janvier 2007, un établissement public d'aménagement a été mis au service du renouveau urbain stéphanois et doté de 120 millions d'euros de subventions. « Il nous faut à la fois combler le retard et aller de l'avant », souligne Nicolas Ferrand, son directeur. Outre la construction du pôle tertiaire de Châteaucreux (voir par ailleurs), d'autres projets urbanistiques majeurs ont vu le jour. La restructuration du secteur Manufacture/Plaine Achille concerne, d'une part, la reconversion du site de l'ancienne manufacture d'armes, autour de la future Cité du design et du pôle Optique, d'autre part, l'aménagement de la Plaine Achille. Au total, 85 hectares qui embrasseront, à terme, les domaines de la culture, du développement économique, de la recherche et de l'enseignement supérieur. « L'implantation de l'université n'a jamais été pensée, déplore Florent Pigeon, adjoint au maire chargé de l'urbanisme. Elle est aujourd'hui dispersée sur six sites, que nous souhaitons réorganiser. » (Voir encadré.) A venir : un vaste éco-campus proche de diverses voies de communication (pistes cyclables, train, tram) et de l'activité culturelle (Zénith, le Fil), qui regroupera notamment un pôle sciences et STAPS (sciences et techniques des activités physiques et sportives).
Dans l'hypercentre, la réhabilitation de la place de l'Hôtel-de-Ville et de la place Dorian fait partie des dossiers aujourd'hui sur le feu. On s'interroge, enfin, sur l'avenir du mythique stade Geoffroy-Guichard. Faut-il le réaménager et lui permettre de faire peau neuve ? Ou bien construire un nouveau stade, grâce à des financements privés ? La première option a les faveurs de la municipalité, la seconde celle des dirigeants de l'ASSE. Pas sûr cependant que les supporteurs de l'ASSE trouvent leur compte dans cette seconde solution : longtemps, l'antre des Verts a été pour la ville son unique vecteur d'image positif...
Le design pour bannière
Voilà désormais une décennie que, à l'échelle internationale, Saint-Etienne est repérée comme étant « la » capitale française du design. « Il s'agit d'un positionnement unique dans l'Hexagone, qui contribue à la notoriété de Saint-Etienne, assure Benoît Remy, directeur de l'office du tourisme de Saint-Etienne Métropole. Après tout, que serait Angoulême sans la bande dessinée ? » Pour s'imposer en tant que capitale, Saint-Etienne a donné naissance en 1998 à sa Biennale internationale du design. Véritable carrefour des créateurs du monde entier, cette manifestation fêtera son 10e anniversaire du 15 au 30 novembre. En espérant que le record de la précédente édition-150 000 visiteurs-sera battu...
Mais la ville s'est aussi dotée d'un lieu emblématique de cette nouvelle vocation : à l'automne 2009, la Cité du design ouvrira officiellement ses portes. La structure se veut le point de rencontre des acteurs du monde économique, culturel, artistique, scientifique et technique. « La Cité du design prend place dans une ville moyenne et pas dans une grande capitale, c'est une chance, explique Elsa Francès, la directrice de l'établissement. On peut y rencontrer tous les acteurs et passer facilement d'une démarche de recherche à une expérimentation sur le terrain. Nous visons plusieurs types de publics, chacun venant avec ses propres attentes. » La Cité du design se tournera en effet vers les chercheurs et professionnels avec l'accompagnement de projets, la tenue de séminaires, colloques et autres rendez-vous professionnels. Mais elle sera aussi ouverte à un public plus large, qui pourra arpenter librement ses espaces d'exposition, boutiques, bibliothèque et autres cafétéria.
Reste que la Cité du design ne fait pas l'unanimité. « Elle a été conçue sous un angle culturel et j'entends lui donner une orientation économique », souligne Maurice Vincent. Pour Saint-Etienne, la Cité du design peut en effet constituer une bonne occasion de renouer les fils du passé : elle doit en effet montrer que l'activité industrielle passe toujours, au départ, par un acte de création. En outre, son lieu d'implantation a largement été contesté : « En choisissant de la construire sur le site de l'emblématique Manufacture nationale d'armes, l'ancienne municipalité a effacé une large partie de l'histoire stéphanoise », assène Marie-Eve Maret, présidente de l'association Arco, qui travaille depuis 1985 à la valorisation de l'image extérieure de Saint-Etienne. L'analyse est sans doute juste. Il n'empêche. Avec sa Platine-un bâtiment long de 200 mètres-et sa tour-observatoire-qui offre un magnifique panorama sur la ville aux sept collines-, la Cité du design constituera à l'avenir un fier symbole de la vitalité retrouvée de Saint-Etienne. Et, probablement, un formidable vecteur d'image.
Culture : un bouillon mal contrôlé
Design, mais aussi musique, théâtre, arts plastiques : à Saint-Etienne, lieux et créateurs ne manquent pas. Fin 2007, Saint-Etienne, qui postulait au titre de « capitale européenne de la culture » pour 2013, a certes vu sa candidature balayée par le comité de présélection. Mais la culture reste néanmoins l'un de ces leviers qui peuvent contribuer à améliorer l'image extérieure de la cité forézienne.
Géré par le producteur à succès Jean-Claude Camus, le premier Zénith de la région Rhône-Alpes va ainsi permettre d'attirer des spectateurs bien au-delà des frontières de l'agglomération. A deux pas de là, Saint-Etienne a vu en février la naissance d'une scène de musiques actuelles, baptisée le Fil. Indispensable, pour une ville qui compte dans ses rangs plusieurs groupes réputés, comme l'emblématique Mickey 3D ! Dans ce lieu géré par le collectif Limace (Ligérienne de musiques actuelles), 25 000 spectateurs ont déjà afflué. Saint-Etienne dispose en outre de deux théâtres d'envergure nationale. Dirigée par le tandem François Rancillac et Jean-Claude Berutti, la Comédie, théâtre majeur de la décentralisation, devrait faire peau neuve d'ici à 2010, selon les voeux de la municipalité. Celle-ci souhaite par ailleurs que l'Opéra-théâtre tisse des liens étroits avec les autres créateurs locaux, quand 75 % de sa programmation est actuellement consacrée au lyrique. Au chapitre des arts plastiques, le musée d'Art moderne possède la deuxième collection de France. Mais cela se sait peu. Et pour cause : la majorité de son patrimoine dort dans des réserves ! Pour l'heure, Maurice Vincent a mis au placard le projet d'agrandissement du site voulu par son prédécesseur, préférant transférer les collections dans les « bâtiments H » laissés vacants par GIAT Industries, sur le site de la future Cité du design.
Reste que, malgré ce foisonnement artistique et ces structures de premier plan, Saint-Etienne ne bénéficie pas-encore ?-de l'aura culturelle qu'elle mérite. « Ici, il y a toujours eu des dynamiques, mais elles sont plus individuelles que collectives », analyse l'artiste Assan Smati, l'un des fondateurs du (9)Bis, un espace d'exposition singulier et attachant. Françoise Gourbeyre, adjointe à la culture, approuve : « Saint-Etienne connaît une grande créativité, mais les initiatives et les formes de création ne se croisent pas. »
En 2010, la ville créera sa Biennale des arts vivants, qu'elle entend pérenniser en alternance avec la Biennale du design. Un premier pas sans doute vers une meilleure synergie des acteurs locaux et, surtout, vers davantage de lisibilité à l'extérieur. Et l'occasion, aussi, de faire oublier quelques cinglants ratages, comme les Transurbaines de 2005...
Economie : un marketing territorial encore timide
Les Stéphanois en sont convaincus : le déficit d'image dont souffre leur ville constitue un frein pour son développement. Difficile d'attirer des entreprises et leurs salariés, alors que les idées reçues font de Saint-Etienne une ville en restructuration perpétuelle. Une image d'Epinal qui ne correspond plus à la réalité : « Saint-Etienne est aujourd'hui en pointe dans les secteurs de l'optique-vision, de l'agroalimentaire, des technologies médicales et de la mécanique », assure René Bayle, directeur d'Expansion 42, l'agence de développement économique de la Loire. Mieux encore : l'agglomération accueille sur son sol une cinquantaine d'entreprises leaders-européennes ou mondiales-de leur spécialité.
Les savoir-faire sont donc présents. Mais le faire savoir n'est pas si simple. D'abord, parce que ces entreprises de premier plan travaillent peu sur des technologies grand public. Ensuite, parce que les sociétés les plus dynamiques interviennent souvent comme sous-traitantes et communiquent peu en leur propre nom. Qui sait que les écrous de la fusée Ariane, les optiques utilisées à Hollywood et les sièges du TGV sont fabriqués à Saint-Etienne ? Pas grand-monde... Surtout, les Stéphanois restent d'une incorrigible modestie : « Nous sommes nuls en marketing territorial, reconnaît André Mounier, président de la CCI de Saint-Etienne Montbrison. Mais, à l'avenir, je compte associer les acteurs économiques et politiques pour aller vendre Saint-Etienne à l'extérieur. » Travailler ensemble, tel est le nouveau leitmotiv des décideurs stéphanois. « Pour attirer les investisseurs, il nous faut mettre en place une stratégie globale de prospection », complète Raymond Joassard, vice-président de Saint-Etienne Métropole chargé de la prospection et des aides aux entreprises.
Un travail d'autant plus indispensable que Saint-Etienne a fait de gros efforts en matière d'infrastructures d'accueil des entreprises. Le quartier d'affaires de Châteaucreux constitue ainsi un pôle tertiaire de grande envergure, où l'emblématique groupe Casino a joué les pionniers en installant, fin 2006, son siège mondial. De même, le parc technologique Metrotech-actuellement en cours de réalisation à Saint-Jean-Bonnefonds-commence d'ores et déjà à accueillir des industries de pointe. Et ces deux pôles constituent de belles vitrines du nouveau dynamisme stéphanois.
Tourisme : un potentiel à exploiter
Saint-Etienne, ville touristique ? Poser la question, c'est déjà y répondre ! Sur la carte de France des destinations de loisirs, la cité forézienne est au mieux ignorée des touristes, au pis bannie de leurs itinéraires. « Notre clientèle est à 95 % constituée par des hommes d'affaires, constate Caroline Montagnier, vice-présidente de la Chambre syndicale de l'industrie hôtelière de la Loire. L'essentiel de notre activité se déroule donc en début de semaine, hors des vacances scolaires. » Le week-end venu, en revanche, Saint-Etienne prend des allures de ville morte...
Pourtant, en matière touristique, les atouts ne manquent pas. Le parc naturel régional du Pilat et ses possibilités de balades... Firminy et son ensemble architectural Le Corbusier, d'une ampleur inégalée en Europe... Sainte-Croix-en-Jarez et sa chartreuse, la seule de l'Hexagone à être habitée... Autant de sites méconnus hors des frontières de la Loire. Il est vrai que, pendant de longues décennies, Saint-Etienne n'a pas imaginé avoir une vocation touristique. « L'agglomération a longtemps sous-estimé son potentiel touristique, analyse Benoît Remy, arrivé en 2007 à la direction de l'office du tourisme, en provenance de... Saint-Tropez ! Mais aujourd'hui, ce n'est plus le cas. »
Un événement est récemment venu symboliser cette prise de conscience : en 2007, Saint-Etienne Métropole s'est vu doter de la compétence touristique. L'office du tourisme de Saint-Etienne est donc devenu communautaire, réunissant en une structure unique les 43 communes de l'agglomération ! Résultat : cette nouvelle structure, baptisée Totem (Tourisme territoire Saint-Etienne Métropole), communique désormais d'une seule voix. Surtout, les acteurs locaux ont fini par se convaincre que le tourisme constituait une activité économique à part entière. Aussi se sont-ils employés à concevoir de véritables produits touristiques valorisant le patrimoine local. L'été dernier, Totem a ainsi mis en place une visite inédite du stade Geoffroy-Guichard, non seulement sous l'angle sportif, mais également du point de vue architectural, historique et... écologique : grâce à ses panneaux solaires, l'antre des Verts produit en effet 200 000 kWh d'électricité chaque année, ce qui en fait la plus grande centrale photovoltaïque de l'Hexagone ! « A raison de deux visites par semaine en juillet et en août, nous avons affiché complet chaque fois », se réjouit Benoît Remy. Peu à peu se transforme donc le regard que les touristes posent sur l'agglomération stéphanoise.
[/i]
Source : Le Point
Le point de vue est assez intéressant, même si il est abusif sur certain point.
J'ai une question : vous, quel images avez-vous de la ville ? Et à ceux qui sont déjà venu dans la ville au sept collines, qu'elle à été votre réelles impression ? Et surtout, argumenter !
J'espère que vous répondrez, sincèrement !
"La censure, quelle qu'elle soit, me paraît une monstruosité, une chose pire que l'homicide ; l'attentat contre la pensée est un crime de lèse-âme" Gustave Flaubert (1821-1880).