Manny a écrit
A l'époque, c'était une révolution, tout était neuf, il y avait l'eau courante, des toilettes, ... Les gens n'étais pas habitués.
Exactement. A l'époque il s'agissait d'un véritable progré social !
Atlantiscity a écrit
C'est pour ça que c'est fait à la vite, qu'on a de long barre. Mais l'organisation de ces cités est oppressante. On a vraiment l'impression d'être coupé du monde, et entre 4 murs.
Ca n'a pas forcément été fait à-la-va-vite. Par contre les cités ont été construites sur des terrains souvent éloignés des centres-villes et des commodités, pour des raisons de coût et de terrain disponible.
Les théories de Le Corbusier ont été très influentes dans la réalisation de ces quartiers : séparation des fonctions, rigeur, bâtiments sur pillotis...
La grande caractéristique de ces quartiers est
la disparition de la rue. Les immeubles sont reliés par des allées ou des voies périphériques avec de vastes espaces libres au centre. C'est ce qui a donné naissance au concept "d'espaces verts".
Contrairement aux idées reçues, la densité de population dans les cités est relativement faible !
Les logements sont construits en barres ou en tours. Les commerces sont séparés des logements et sont situés dans une construction basse.
La Duchère à Lyon. Source :
http://www.gpvlyonduchere.org
J'ai eu une conférence très intéressante d'un chargé de projet de la ville de Grenoble au printemps, sur la requalification de ces quartiers. Voici ce qu'il en est ressorti :
- ces quartiers sont renfermés sur eux-mêmes. Les rues ou les avenues ne les traversent pas, mais les contournent ou les longent. Ils sont coupés de la trame urbaine environnante ou tout simplement coupé tout court de la ville.
- paradoxalement, les espaces libres sont très ouverts, sans clôtures et sans limites. On ne sait pas ce qui relève du domaine publique et du domaine des habitants. Les personnes étrangères de la cités n'osent pas venir (sans parler d'insécurité), mais les habitants ne s'approprient pas non plus ces espaces.
- il n'y a pas de lieu de vie ou de rencontre. La rue qui constitue l'essence de la ville, n'existe pas. On se repère par les barres et les tours, qui souvent sont numérotés. Le centre commercial n'est fréquenté que par les habitants de la cité.
Voilà pourquoi on parle souvent de ghettos.
Et voici ce qu'il nous a présenté pour ouvrir ces quartiers sur la ville, à Grenoble :
- le tram qui les traverse
- recréer une trame urbaine, avec des rues qui traversent la cité (ce qui peut nécessiter des destructions)
- la "résidentialisation" qui consiste à définir des espaces privés pour les habitants du quartiers, et des espaces publiques. En bref, on met des clôtures mais qui ont un rôle essentiellement psychologique (n'importe qui peut les emjamber) ! ça permet aux habitants de se sentir chez eux et de les valoriser.
- éventuellement densifier la population, en créant de nouveaux logements le long des rues
- aménager des lieux de vie, interquartiers, pour favoriser les échanges. Entre 2 anciennes cités, on aménage à un carrefour une place avec des commerces, des services publiques, une bibliothèque...
- et bien sûr rénover, et favoriser une architecture de qualité
Edit: j'ai oublié
J'ai jamais habité dans une cité mais j'ai passé un an dans une fac située entre 2 cités réputées difficiles.
J'arrivais en tram au pied d'une barre HLM et j'avais 5 minutes à pied. Tout les jours on voyait des femmes qui attendait devant la croix rouge pour avoir de la bouffe. Y avait à côté des petites entreprises et un service de réinsertion. Le poste de police de proximité était grillagé partout avec des projecteurs et une caméra.
Sur le parking, j'ai du voir 2 ou 3 voitures brûlées, d'autres sans roues, avec des vitres cassées. A 2 reprises le tram a été la cible de jets de pierre, dont une fois avec un blessé.
Malgré ça, et le fait que je prennais le tram parfois à 19h30 l'hiver (la nuit tombée donc), j'ai jamais eu de soucis et je me suis jamais senti vraiment en insécurité. Par contre je me sentais parfois minoritaire en tant que blanc !
Mais il doit avoir des cités pire...
"Les Alpes sont pour l'Isérois le raisin sec sur la polente, la cerise sur le gâteau."