un petit texte que j'ai ecrit il y a quelque temps sur les clivages politiques vous en pensez quoi ?
Arguments de gauche, Arguments de droite
La Pensée unique contre le terrorisme intellectuel
C’est un classique de l’analyse politique de montrer que le clivage gauche/droite a moins de sens aujourd’hui qu’hier. Si l’on s’écarte des discours et des idéologies qui n’intéressent personne, mis à part les journalistes et les universitaires, et que l’on se penche sur toutes les pensées toutes faite, force est de remarquer que les différences sont moins importantes qu’il n’y parait.
En 1995, Ignacio Ramonet, rédacteur en chef du Monde Diplomatique inaugure le concept désormais consacré à gauche de pensée unique, une belle manière de montrer que l’on possède à nous seul la vérité, face à la droite.*
En 2000 Jean Sevillia, rédacteur en chef adjoint au Figaro Magazine, intronise à son tour son concept de terrorisme intellectuel, pour dénoncer la puissance idéologique de la gauche, que les pauvres gens de droite doivent affronter avec courage (voir aussi ce récent succès de Eric Brunet Etre de droite : un tabou français).
Ces deux concepts, qui font désormais florès sont symptomatiques de l’incapacité des deux camps à arrêter de s’accuser mutuellement avec les même arguments, ou presque.
Pensée unique et terrorisme intellectuel désignent la même chose, un « totalitarisme dans la pensée ». Si la première met l’accent sur la volonté globalisante, et la seconde sur la violence, leurs problèmes, c’est que ceux qui pratiquent la pensée unique sont ceux qui critiquent le terrorisme intellectuel des premiers.
L’accusation d’user de la théorie du complot est plutôt une pratique de la droite envers la gauche. Ces derniers le rendent bien par ailleurs en fustigeant sans arrêt l’usage de la « peur » par la droite.
Les gens de gauche ont l’habitude de pointer la puissance du MEDEF sur tous les gouvernements, quand la droite de son coté montre que ce sont la CGT, FO, la CFDT et divers syndicats « gauchistes » qui tiennent le contrôle de l’économie du pays.
Au-delà des frontières, les premiers critiquent le capitalisme mondial et le forum de Davos, et les seconds l’alter mondialisme et son forum de Porto Alegre.
L’Humanité contre le Figaro.
Le Monde diplomatique contre l’Expansion.
La liste est longue et extensible à l’infini.
En clair, si les dénominations changent, les idées et les accusations restent les mêmes.
Les arguments perdent rapidement de leur crédibilité quand ce sont les adversaires qui les utilisent. La droite prend désormais un malin plaisir à montrer la pensée unique représentée par la gauche. Cependant, cette dernière ne semble pas déterminée actuellement à jouer judicieusement sur deux tableaux : l’accusateur et la victime.
Tout cela est bien beau, mais fortement ennuyeux. Les arguments se neutralisent parfaitement. A moins d’être un dogmatique - ce qui reste très souvent le cas - on peut toujours affirmer que les autres ont tord. Mais jusqu’à quand ?
Ce qui est assez étonnant, c’est l’incapacité à sortir du clivage droite-gauche. Je ne prône pas une homogénéisation des idées, passant notamment par des alliances politiques ou non, aboutissant à une solution centriste et de compromis.
Je préfère aller au-delà des clivages et des grandes tendances politiques. Il est nécessaire de se considérer comme les meilleurs.
La posture de la victimisation doit être abandonnée à tout jamais, qui reste la meilleure façon de se décrédibiliser. Adopter une position honnête et accepter nos défauts et nos incohérences, comme ceux de nos adversaires, reste la meilleure chose à faire. Par exemple, reconnaître l’importance des syndicats comme force de blocage, n’est pas oublier, loin de là, la force, peut être plus importante, du patronat. Il ne s’agit pas là d’une vision modérée, mais celle d’une ouverture d’esprit, rompre avec cette logique d’opposition binaire, se renvoyant les mêmes arguments sous des dénominations différentes.
Créer son argumentaire ne passe pas par l’inscription automatique dans l’un des deux camps politiques. Celui-ci doit exister pour soi et non par les autres.
Voilà, la chose est dite.
* La pensée unique ne désigne pas exclusivement la droite selon leurs auteurs et utilisateurs réguliers. Le concept pointe cette alliance plus ou moins voilée des idées de droite et de gauche. Néanmoins, selon l’usage qu’il est fait, il s’agit plus de la « droitisation » de la gauche que l’inverse. Par conséquent c’est une certaine idée de la droite qui est en fait visée.
disponible sur
http://www.leditorial.info/2007/04/04/arguments-de-gauche-arguments-de-droite/
Le 10 000ème messages du forum "dernier mot", c'est qui ? Bin c'est moi !!!