@kevin7115 Merci pour ton commentaire. Moi j'ai rien contre les tags, tant qu'ils rendent pas une architecture illisible (ce qui est vraiment rare). Et puis il y a une "éthique" assez belle chez les gens qui taguent, ils peignent pas sur les tags des autres, etc... Et y'en a des marrants, des qui tournent au running gag...
Voilà aujourd'hui je voulais vous parler d'un pâté d'immeubles extraordinaire qui se trouvait à Hong-Kong et qui a été démoli en 1992 : la
Kowloon Walled City dont j'ai appris l'existence il y a quelques années et à laquelle je me suis à nouveau intéressé dernièrement. Je possède évidemment aucune des images que je vais poster ici puisque j'aurai eu du mal à aller en prendre moi-même avant même ma naissance
Pratiquement tous les droits reviennent au photographe canadien Greg Girard. Voilà
son site internet (sur lequel vous pourrez trouver d'ailleurs plus de photos du lieu si vous êtes intéressé).
Je trouve son travail vraiment intéressant par ailleurs alors ne faîtes pas comme moi à diffuser des trucs illégalement. Mes informations viennent, en vrac, de
l'article Wikipédia,
d'un article du Daily Mail, et
d'un très vieux site rédigé par une équipe de japonais qui ont exploré et cartographié le lieu juste avant sa démolition.
Le site était à la base une forteresse chinoise. En 1898 les Anglais ont fait signer un contrat aux chinois qui leur offre un bail de 99 années sur la ville de Hong-Kong, à l'exception de la forteresse qui devient donc une minuscule enclave chinoise en territoire britannique. Tout est parti de là : la Chine s'est rapidement défaite de toute responsabilité vis-à-vis de l'endroit, en n'y envoyant aucune administration, et les anglais de leur côté n'en ont rien fait non plus. La forteresse est devenue une zone de non-droit. Et au bout de près d'un siècle voilà ce que ça a donné :
En clair de plus en plus de personnes, pour diverses raisons, sont venues s'installer à cet endroit, au point d'en faire le lieu le plus densément peuplé au monde (population estimée à 50.000 habitants dans les dernières années).
Des gens y sont venus parce qu'ils savaient que leurs activités (boucherie, petite manufacture...) pourrait y échapper aux normes en vigueur, comme la police ne pénétrait pas l'endroit. Des activités plus explicitement illégales comme le trafic de drogues et la prostitution s'y sont également installées. Mais d'après ce que j'ai lu la majorité des gens y résidant exerçaient des activités légales et Kowloon était un endroit plutôt paisible.
L'ensemble était entièrement auto-construit, en béton. Avec sans doute quelques compétences derrière vu la qualité de la construction : je pense pas qu'on puisse parler de "bidonville". Le tout était d'abord de faible hauteur, ça s'est élevé progressivement, atteignant par endroits 14 étages (limite légale en raison de la présence de l'aéroport voisin).
Kowloon disposait d'un réseau labyrinthique de rues intérieures, éclairées de quelques néons. Au niveau du sol bien sûr, mais également dans les étages, entre les immeubles
La police de Hong-Kong délaissait largement l'endroit, même si il y a eu des intrusions pour y déloger des réseaux mafieux. Au bout d'un moment y a été, tout de même, obligé un facteur et l'eau courante y a été installée par la ville. L'électricité était également largement présente. En clair, ça fonctionnait.
Même si les canalisations ont l'air plus qu'artisanales. En fait d'après ce que j'ai compris les habitants souffraient d'abord du manque de lumière naturelle.
Une des cours intérieures, couverte de détritus, et le petit temple (datant des années 1950) qui se trouvait juste en-dessous, soigneusement protégé par des grilles.
Les gens passaient du temps sur les toits couverts d'antennes, notamment les enfants pour y jouer. Ci-dessous, un habitant sur le trottoir, alors que les policiers ont commencé à faire évacuer les lieux. Le gouvernement de Hong-Kong a offert de larges compensations aux habitants pour les persuader de partir.
Je saurais pas exactement dire ce que je trouve fascinant dans la Kowloon Walled City. Peut-être le fait qu'elle tranche si radicalement avec tout ce qu'on connaît et tolère. C'est bien sûr dû aux conditions très particulières dans lesquelles elle est apparue (ville en forte croissance, de criminalité, et zone de non-droit). Mais de fait elle s'oppose radicalement dans certains de ses principes (auto-construction...) à presque toutes les autres villes. C'est une espèce de constante "exagération". Le tout me rappelle les villes délirantes de William Burroughs (pour ceux qui connaitraient l'écrivain), tas de chambrettes intercommunicantes où la règle est un troc libéral anarchique, destruction et reconstruction perpétuelles.
Une vue en coupe de tout le pâté d'immeubles, réalisée par l'équipe de japonais dont j'ai déjà parlé (si je me trompe pas, un doute me prend).
Voilà, un post étrange et indécemment repompé de partout, mais j'avais pas le choix pour en parler.
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