message posté le 25 août 2009 à 19h35
Le TGV Québec-Windsor serait rentable
François Cardinal
La Presse
MONTRÉAL
Pour la SNCF, l'une des plus importantes entreprises ferroviaires au monde, l'implantation d'un TGV dans le couloir Québec-Windsor est totalement justifiée, car toutes les conditions de rentabilité financière, sociale et environnementale sont réunies pour en faire un grand succès.
Dans un avis obtenu par La Presse, la Société nationale des chemins de fer français (SNCF) va même jusqu'à comparer avantageusement ce couloir à ses lignes à grande vitesse les plus rentables de l'Hexagone, soient les TGV Rhône-Alpes, Méditerranée et Atlantique.
«Tous les critères théoriques et empiriques de succès de la mise en service d'un tel réseau déterminés par la SNCF, via son expérience de l'ensemble des projets de grande vitesse ferroviaire dans le monde, sont remplis par le corridor Québec-Windsor», estime-t-elle.
Voilà la conclusion d'une «étude prospective» contenue dans la «proposition technique et financière» que l'entreprise a remise en juin dernier aux maires des six grandes villes concernées par ce projet.
Il s'agit en quelque sorte d'une soumission bonifiée, dans laquelle la SNCF offre ses services, à la demande de la Ville de Québec, pour mener une étude plus approfondie sur les aspects socio-économiques, environnementaux et financiers du projet, ainsi que sur son trafic potentiel, ses recettes et ses coûts d'exploitation.
«La densité de la population du corridor Québec-Windsor et les distances entre ses principaux pôles de population ainsi que ses caractéristiques économiques et socio-économiques constituent autant d'arguments forts en faveur de la mise en service d'un réseau ferroviaire à grande vitesse desservant les aires urbaines de Québec City (sic), Montréal, Laval, Ottawa, Toronto, Kitchener, London et Windsor.»
Officialisé en juin dernier par la Ville de Québec, le contrat de service accordé à la SNCF prévoit que le rapport final sera produit d'ici au mois de novembre. La Ville de Montréal, qui partage la facture de 375 000$ avec Québec et les autres villes concernées, devait approuver le contrat à la séance du conseil municipal qui s'est tenue hier soir. «Cette étude nous fournira les éléments pédagogiques qui nous permettront de mieux expliquer le projet à la population, a expliqué le maire de Québec, Régis Labeaume, en entrevue téléphonique. Nous sommes très en retard à ce chapitre. Même le président américain est plus avancé que nous, ce n'est pas drôle!»
À mots à peine couverts, M. Labeaume accuse Stephen Harper, de traîner les pieds dans le dossier du TGV qui relierait Québec, Montréal, Ottawa, Toronto, Windsor et, possiblement, Chicago. «Tout est fonction des politiciens, dit-il. J'ai l'appui de Michael Ignatieff, de Jack Layton, de Gilles Duceppe, de Jean Charest et de Pauline Marois. Il ne manque que M. Harper.»
Deux études pour un projet
Parallèlement à l'étude de la SNCF, les gouvernements du Canada, du Québec et de l'Ontario ont confié à un consortium dirigé par la firme Dessau le mandat de mettre à jour les études menées entre 1992 et 1995 à ce sujet. Évaluée à 3 millions, cette étude devrait être terminée au printemps 2010.
Pour l'administration Tremblay, il importera alors de regarder les deux études pour juger de la réelle pertinence du projet. «Dans la théorie, c'est très intéressant. Mais il faut d'abord savoir combien de personnes embarqueront et combien ça va coûter», précise André Lavallée, responsable du transport à la Ville de Montréal.
Cela dit, la SNCF estime déjà que ce projet, s'il voit le jour, aura un brillant avenir. Elle va même plus loin, intégrant le futur couloir Québec-Windsor aux projets américains de trains à grande vitesse. «Ces perspectives et synergies potentielles renforcent encore les enjeux de la mise en service d'un réseau ferroviaire à grande vitesse dans les provinces de Québec et de l'Ontario jusqu'à Chicago», note la Société nationale.
Et d'un point de vue plus personnel, la SNCF ne cache pas que cette volonté d'étendre le réseau ferroviaire «constitue pour les entreprises françaises une opportunité de consolider et de développer leur position sur le marché nord-américain».
François Cardinal
La Presse
MONTRÉAL
Pour la SNCF, l'une des plus importantes entreprises ferroviaires au monde, l'implantation d'un TGV dans le couloir Québec-Windsor est totalement justifiée, car toutes les conditions de rentabilité financière, sociale et environnementale sont réunies pour en faire un grand succès.
Dans un avis obtenu par La Presse, la Société nationale des chemins de fer français (SNCF) va même jusqu'à comparer avantageusement ce couloir à ses lignes à grande vitesse les plus rentables de l'Hexagone, soient les TGV Rhône-Alpes, Méditerranée et Atlantique.
«Tous les critères théoriques et empiriques de succès de la mise en service d'un tel réseau déterminés par la SNCF, via son expérience de l'ensemble des projets de grande vitesse ferroviaire dans le monde, sont remplis par le corridor Québec-Windsor», estime-t-elle.
Voilà la conclusion d'une «étude prospective» contenue dans la «proposition technique et financière» que l'entreprise a remise en juin dernier aux maires des six grandes villes concernées par ce projet.
Il s'agit en quelque sorte d'une soumission bonifiée, dans laquelle la SNCF offre ses services, à la demande de la Ville de Québec, pour mener une étude plus approfondie sur les aspects socio-économiques, environnementaux et financiers du projet, ainsi que sur son trafic potentiel, ses recettes et ses coûts d'exploitation.
«La densité de la population du corridor Québec-Windsor et les distances entre ses principaux pôles de population ainsi que ses caractéristiques économiques et socio-économiques constituent autant d'arguments forts en faveur de la mise en service d'un réseau ferroviaire à grande vitesse desservant les aires urbaines de Québec City (sic), Montréal, Laval, Ottawa, Toronto, Kitchener, London et Windsor.»
Officialisé en juin dernier par la Ville de Québec, le contrat de service accordé à la SNCF prévoit que le rapport final sera produit d'ici au mois de novembre. La Ville de Montréal, qui partage la facture de 375 000$ avec Québec et les autres villes concernées, devait approuver le contrat à la séance du conseil municipal qui s'est tenue hier soir. «Cette étude nous fournira les éléments pédagogiques qui nous permettront de mieux expliquer le projet à la population, a expliqué le maire de Québec, Régis Labeaume, en entrevue téléphonique. Nous sommes très en retard à ce chapitre. Même le président américain est plus avancé que nous, ce n'est pas drôle!»
À mots à peine couverts, M. Labeaume accuse Stephen Harper, de traîner les pieds dans le dossier du TGV qui relierait Québec, Montréal, Ottawa, Toronto, Windsor et, possiblement, Chicago. «Tout est fonction des politiciens, dit-il. J'ai l'appui de Michael Ignatieff, de Jack Layton, de Gilles Duceppe, de Jean Charest et de Pauline Marois. Il ne manque que M. Harper.»
Deux études pour un projet
Parallèlement à l'étude de la SNCF, les gouvernements du Canada, du Québec et de l'Ontario ont confié à un consortium dirigé par la firme Dessau le mandat de mettre à jour les études menées entre 1992 et 1995 à ce sujet. Évaluée à 3 millions, cette étude devrait être terminée au printemps 2010.
Pour l'administration Tremblay, il importera alors de regarder les deux études pour juger de la réelle pertinence du projet. «Dans la théorie, c'est très intéressant. Mais il faut d'abord savoir combien de personnes embarqueront et combien ça va coûter», précise André Lavallée, responsable du transport à la Ville de Montréal.
Cela dit, la SNCF estime déjà que ce projet, s'il voit le jour, aura un brillant avenir. Elle va même plus loin, intégrant le futur couloir Québec-Windsor aux projets américains de trains à grande vitesse. «Ces perspectives et synergies potentielles renforcent encore les enjeux de la mise en service d'un réseau ferroviaire à grande vitesse dans les provinces de Québec et de l'Ontario jusqu'à Chicago», note la Société nationale.
Et d'un point de vue plus personnel, la SNCF ne cache pas que cette volonté d'étendre le réseau ferroviaire «constitue pour les entreprises françaises une opportunité de consolider et de développer leur position sur le marché nord-américain».