message posté le 27 juil 2004 à 07h55
SHERBROOKE (PC) - Julie Bureau, l'adolescente retrouvée la semaine dernière après une fugue de trois ans, a affirmé lundi qu'elle avait songé au suicide avant de quitter le domicile de ses parents.
"Moi quand je suis partie j'avais deux possibilités: c'était le suicide où une fugue et j'ai choisi la fugue. Là je suis bien", a déclaré Julie Bureau lors d'une conférence de presse à Sherbrooke.
S'adressant pour la première fois aux médias depuis qu'elle a été retrouvée le 17 juillet, la jeune fille de 17 ans a répondu avec aplomb aux questions des journalistes. Mais elle est restée vague en expliquant les motifs de sa fugue.
"Je suis partie parce que je n'étais pas bien (...) à cause de différents facteurs et de différentes raisons, a dit la jeune fille. Je n'étais plus capable."
L'adolescente a affirmé que dans l'heure qui suivrait la conférence de presse, elle prendrait le chemin de Beauceville, où elle a vécu ces trois dernières années chez un homme de 38 ans avec qui elle a dit entretenir une relation "totalement fraternelle".
Depuis la semaine dernière, Julie Bureau était confiée à la Direction de la protection de la jeunesse (DPJ). Lundi, l'avocate de la jeune fille, Stéphanie Côté, a indiqué qu'après évaluation, la DPJ avait conclu que l'adolescente pouvait être confiée à ses parents.
"Ni le développement ni la sécurité de Julie ne sont compromises et aucun dossier n'a été ouvert à la DPJ, a-t-elle dit. Julie est encore mineure et elle a été confiée à ses parents, qui sont d'accord pour qu'elle habite à l'extérieur du domicile familial."
Contrairement à ce qui avait été affirmé la semaine dernière, Julie Bureau a indiqué qu'elle n'était pas partie à cause d'une peine d'amour. Mais elle a refusé de donner plus de détails.
"Je tiens à ma vie privée, je ne suis pas un objet de cirque", a dit la jeune fille, affirmant qu'elle déclinerait toute demande d'interview après la conférence de presse.
En 2001, après avoir quitté la résidence de ses parents à Milan, dans les Cantons-de-l'Est, elle s'est rendue à Montréal, d'où elle est partie en faisant de l'auto-stop, pour aboutir "par hasard" à Beauceville chez l'homme de 38 ans.
"Je lui a dit que je m'appelais Nancy et que j'avais 18 ans, a raconté Julie Bureau, qui avait 14 ans à l'époque. Ca s'est très bien déroulé. Tout s'est bien passé."
Depuis la semaine dernière, l'adolescente a reparlé avec l'homme chez qui elle habitait depuis trois ans et il souhaite aussi qu'elle retourne vivre avec lui.
"Nous avons plein de projets à réaliser, a-t-elle dit, expliquant qu'ils souhaitaient notamment avoir des chevaux sur le "domaine" où ils habitent. C'est une belle vie que j'avais là-bas."
Selon la jeune fille, ses parents, Francine Poulin et Michel Bureau, sont d'accord pour qu'elle aille vivre à Beauceville, où elle dit avoir "quelques" amis.
Julie Bureau n'a exprimé aucun regret d'être partie de la résidence familiale.
"Je vais sûrement les revoir", a-t-elle dit à propos de ses parents de son frère, qui avait sept ans au moment où elle les a quittés. Elle n'a pas précisé quand elle les reverrait.
La jeune fille n'a pas l'intention de reprendre contact avec ses collègues de classe d'un collège de Coaticook où elle était pensionnaire, ni avec ses amis.
"Quand je suis partie, je n'avais plus vraiment d'amis alors ce n'est pas une chose qui est très importante à mes yeux", a-t-elle affirmé, avant d'ajouter: "Peut-être, je sais pas."
Julie Bureau a expliqué que - jusqu'à ce qu'elle soit retrouvée la semaine dernière par une dame qui l'a reconnue- elle souhaitait attendre d'avoir 18 ans avant de reprendre contact avec sa famille. Elle a affirmé qu'au fil des trois années, jamais elle n'avait entendu parler des avis de recherche la concernant, ajoutant qu'elle ne s'était jamais cachée.
Lors d'une conférence de presse la semaine dernière, la DPJ de l'Estrie avait indiqué que Julie Bureau demeurerait sous sa responsabilité jusqu'à cette semaine.
Jeudi dernier, l'adolescente a renoué avec ses parents lors d'une rencontre qui a duré près de six heures. La jeune fille était accompagnée de son avocate. Mais il semblait loin d'être acquis qu'elle désire retourner vivre avec eux.
Julie Bureau aura 18 ans le 2 décembre prochain.
Lundi, l'avocate de l'adolescente a tenu à insister pour que les jeunes qui vivent des difficultés comme celles de Julie restent chez eux et fassent appel aux différentes ressources qui s'offrent à eux.
"On n'endosse pas du tout la fugue que Julie a faite et on ne valorise pas le fugueurs, a dit Mme Côté. On veut que les jeunes, s'ils ont des besoins criant, aillent vers les centres jeunesse, les infirmières dans les CLSC et les travailleurs sociaux dans les écoles."
© La Presse Canadienne, 2004