Tout va bien, donc voici la suite [vert]...
Eh bien voilà, je suis donc Empereur. Arrivé à Enfercity encore plus fauché qu’un champ de blés après le passage de la moissonneuse, j’ai fait un sacré chemin.
Ce matin-là, allongé dans mon lit à baldaquin, je consulte les actualités et j’attends que James, mon majordome, ait fini de touiller mon café tout en énumérant mes nombreuses qualités. Plus il en en trouve et mieux il est payé. Je le soupçonne d’être hypocrite… (excellente qualité d’ailleurs).
Partout on parle de moi. Cet acte de piratage télévisuel le jour de mon sacre me vaut toujours le devant de la scène, ma place préférée vous vous en doutez. On me traite de gangster, de voyou, de crapule, de pirate des ondes, d’empereur de pacotille. Des compliments qui me vont droit au cœur, si toutefois j’en ai un…(probabilité : nulle)
Le mystère du vol de la Tour Eiffel intrigue toujours énormément, et on me somme de la restituer. Ma réponse ne s’est pas faite attendre : je leur ai conseillé d’en construire une autre, et je leur ai annoncé en prime mon prochain vol : la Joconde.
Comme je suis un modèle d’honnêteté je leur en offrirai trois en remplacement, dont une peinte par moi-même, devinez laquelle.
Quelque chose me dit que ces 3 nouvelles Jocondes vont faire fureur.
Les énigmatiques frères Bogue d’Anove ont déjà mis au point les paramètres de téléportation du tableau au musée du Louvre. Les voyages dans l’espace, dans le temps, et la téléportation, n’ont aucun secret pour eux. C’est pourquoi je leur ai réservé les postes les plus importants à la recherche.
En attendant, ils sont en plein travail.
Tout ça fait une sacrée pub pour mon empire. Les demandes de visas n’ont jamais été aussi nombreuses, et les futures victimes… enfin les futurs habitants, (vous m’avez compris) affluent en masse dans mes ambassades, la joie au cœur et le sourire aux lèvres. Ils ne les garderont pas longtemps… bientôt ils feront la queue dans mes supermarchés pour faire des provisions de kleenex afin d’éponger leurs larmes.
Tout comme ils feront la queue pour les loisirs, où l’on réserve sa place des mois à l’avance, c’est dire s’il y a foule. Certains paient même d’autres personnes pour les relayer dans les files d’attente car cela dure souvent plusieurs jours. Le parcours de golf dure un quart d’heure. J’ai dû engager des videurs pour expulser les joueurs récalcitrants.
Quelque chose me dit que je suis un peu responsable de leur détresse, serait-ce qu’il me reste un peu de sentiments ? vite, il faut que j’aille faire une petite promenade dans ma salle des coffres pour me remettre les idées en place…
Donc, mon empire s’étend, s’étend, lentement mais très sûrement.
Ma nouvelle ville Méphistopolis est pratiquement terminée, grâce à mes excavateurs géants. Je les aime bien, ils me ressemblent : majestueux, puissants, et froids comme le métal dont ils sont faits. Tout mon aimable portrait.
Les nouveaux Méphistopolitains arrivent à présent par cars entiers dans la cité, pleins d’admiration envers leur très médiatique Empereur et attirés par les hauts salaires et les bas loyers. Mais ce n’est qu’après qu’ils connaîtront le revers de la médaille, et ils n’auront que leurs yeux pour pleurer (et leur argent pour payer).
Bientôt ils me haïront et ils me maudiront, pour ma plus grande joie.
Aux 4 coins de la ville se trouvent les horloges qui régissent la vie de mes sujets. Ici aussi, la principale activité est le travail, indispensable à mes sujets pour gagner de l’argent afin de payer les impôts.
Une rumeur tenace circule disant que j’en mets la moitié sur des comptes privés tenus dans des banques situées dans un pays comportant 3 S dans son nom.
C’est faux.
En fait je ponctionne les trois quarts de l’argent durement gagné par mes sujets.
Ce n’est pas ma faute si j’ai un train de vie très élevé.
Et si j’aime prendre des bains dans une baignoire en or massif.
Et me promener en rolls et en limousine
Et avoir la plus grande flotte d’avions du monde
Et… bon ça va je me tais
Mais au bout du compte je ne suis pas si méchant que ça, il ne faut pas écouter les mauvaises langues qui racontent n’importe quoi. Je suis un bon diable. Juste un peu obsédé par les impôts… légèrement mégalo… un petit chouïa menteur… un tantinet hypocrite aussi… et pourvu d’un sens aigu des affaires louches, celles qui rapportent le plus.
Le palais du Gouvernement Impérial est terminé.
Ma modeste résidence aussi, où j’habite avec mes amis sincères.
Mes amis salariés soigneusement choisis sur casting habitent dans les immeubles que j’ai fait construire pour eux.
Il y a souvent des garden-party organisées pour eux dans mon palais. Chacun est prié d’amener des petits gâteaux, des canapés et du champagne.
Je suis radin et j’assume.
Tant qu’ils font ce qu’on leur demande, ils n’ont rien à craindre pour leur place car l’emploi est très prisé. Il leur suffit de faire quelques choses toutes simples : tous les matins ils sont tenus de venir devant mon modeste palais et d’en faire 10 fois le tour en récitant mes louanges ; Ils doivent aussi faire tout ça à 10 heures, à 13 H, à 17 H, à 19H, à 21H, et en venant me souhaiter bonne nuit à 23H. Et ceci quel que soit le temps, qu’il pleuve, qu’il vente ou qu’il neige, et que je soie dans mon palais ou non.
C’est un peu saoulant à la longue, mais je tiens à ce rituel.
Je suis un empereur assez spécial.
L’architecte que j’avais engagé au début n’était pas très doué. (Je l’ai muté au département des dessins à colorier pour les enfants.)
Voici comment était mon modeste palais au début de la construction :
Et voici mon modeste palais définitif mis en œuvre par mon nouvel architecte dont le nom restera secret. (J’ai d’ailleurs dû le faire emmener quelques jours en hôpital psychiatrique, ses nerfs ayant lâché en voyant le montant de mon chèque, car je sais être généreux quand c’est mérité). Il va mieux à présent, il navigue du côté de la Floride dans son superbe Yacht qu’il a baptisé «AHA the best of the world», ce qui est la moindre des choses. Il a embarqué avec lui le célèbre navigateur Maurice Héau.
Tandis que mon modeste palais se remplit de mobilier luxueux dont le prix est si élevé qu’il ferait pâlir une armée de banquiers, je vérifie le nombre de miroirs qui y seront installés, car il est indispensable pour mon mental que je m’admire régulièrement. Sur les conseils de mon psy j’ai consenti à ranger ma tenue d’Empereur et ma couronne et à ne les porter que pour les cérémonies officielles. Enfin c’est pour mon bien, mais n’empêche que ça me met de mauvaise humeur, et que donc quelqu’un doit en faire les frais. Rien de tel pour me détendre que de réfléchir sur un nouvel impôt. Allez hop, une taxe sur les pinces à linge. Cool : je me sens beaucoup mieux.
Tout à l’heure, j’ai enregistré mon allocution télévisée quotidienne pour remercier mes sujets de leur sollicitude. L’hypocrisie est un art que je maîtrise parfaitement. Mon état de grâce durera encore deux semaines (l’expédition des premiers impôts approche), et je profite sans aucune honte de mes derniers jours de vraie popularité en serrant les mains de mes sujets, en donnant des autographes, en faisant la bise aux jolies filles. Ah que leur déception sera cruelle dans quelques jours…
Il faudrait quand même que mes sujets mettent un peu de bonne volonté et essaient de se mettre à ma place (mentalement bien sur) peut-être comprendraient-ils qu’il très important pour moi d’agir comme je le fais. Afin de rapprocher le peuple de son empereur, des visites libres sont organisées depuis peu dans mon palais deux fois par semaines, afin que ceux qui contribuent à mon bien-être voient à quoi sert leur argent. Il m’a été rapporté que leur mécontentement était très grand. Quels ingrats, ça m’apprendra à faire le bien à mon peuple. Pour une fois que quelque chose était gratuit à Enferland…Désormais les visites seront payantes et obligatoires, sous peine d’aller « trimer ». (Ce mois-ci : sondage sur le nombre de personnes qui épluchent les légumes avec un économe).
Bientôt mes sujets me bouderont, et je devrai engager des figurants pour m’applaudir et me lancer des fleurs lors de mes sorties en ville, car je dois garder mon standing en toutes circonstances. Je suis l’inventeur de la popularité rémunérée.
Depuis quelques temps, je me rends compte que je suis quelque peu déconnecté de la réalité. Il est temps que je me replonge dans l’univers de mes sujets. Des caméras ont donc été installées dans une maison, et une famille type y a emménagé. Je vais enfin savoir comment vivent les imprudents qui ont mis les pieds à Enferland. Et dire qu’il en arrive toujours …
Voici donc le 16 AHA Street, une petite maison bien paisible parmi des centaines d’autres.
A l’intérieur, la famille Bosdur-Poordayprun. Toute fraîche débarquée dans cette cité que j’ai créée, ils ont accroché au mur de chaque pièce mon portrait en tenue d’empereur et ne tarissent pas d’éloges sur cet homme qui leur a offert une nouvelle patrie, un travail, et bien d’autres choses écrites en lettres minuscules dans le contrat (procédé malhonnête)
et qu’ils n’ont bien sur pas lu, comme tous les autres, dans la cohue de l’ambassade de Méphistopolis, qui ouvre le Mercredi de 14H à 14H15. La police anti-émeutes assure l’accueil.
Serge le mari et Christelle la femme, Cyril le beau-père et Edwige la belle-mère, qui déteste sa belle-fille Christelle et fait tout pour lui rendre la vie impossible, Kevin le fils aîné et Charlotte la grande sœur, en pleine crise d’adolescence, Benjamin et Julie les deux derniers, composent cette sympathique famille. Tout ce petit monde vient d’emménager et se prépare à sa nouvelle vie. Quelque chose me dit qu’ils ne vont pas tarder à regretter l’ancienne.
Demain, Serge et Christelle iront travailler, le boulot n’attend pas. Le beau-père et la belle mère sont venus aider leur fils et sa famille pendant quelques jours dans leur nouvelle maison. Tout est donc prêt et ma curiosité est à son maximum.
Voilà, nous suivrons les aventures de la famille Bosdur-Poordayprun au fil des prochains épisodes.
Pour le moment, je dois m’occuper de mes prochaines vacances, ça fait un moment que je ne suis pas allé à Enferbeach, où il se passe de drôles de choses…
Et au cas où vous l’auriez oubliée, mais j’en doute, revoici ma devise :
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L’incroyable City Journal d’EnferlanD -
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Le C.J. d'Enferland et de son univers impitoyaaaaable reviendra peut-être, un jour...